La JAF porte-parole de l’Arménie à Marseille

La Jeunesse Arménienne de France accompagne les Marseillais amis de l’Arménie depuis plus de 80 ans. Avec le conflit de septembre 2020, puis celui de 2022, elle redouble d’effort pour diffuser la culture arménienne ainsi que dans la lutte contre toutes les formes de génocide et de négationnisme.

Les adhérents devant la JAF de Marseille (photo Facebook JAF)

Créée à la suite de la résistance, la Jeunesse Arménienne Française (JAF) est une association loi 1901 qui a pour but le développement culturel et artistique des jeunes français d’origine arménienne. Avec plus de 80 ans d’existence, c’est un centre qui diffuse l’art, la culture et la langue arménienne, et qui se bat pour la reconnaissance du génocide arménien par la Turquie. Son action se traduit par trois axes : perpétuer la culture arménienne, garder un lien avec l’Arménie, et la lutte pour la cause arménienne.

« Nous devons sensibiliser ceux qui ne le sont peut-être pas »

Depuis septembre 2022, le conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie a pris un nouveau tournant lorsque les deux camps ont annoncé, sur chacun de leur territoire, des frappes d’artillerie et de drone. L’Arménie réclame l’aide de la communauté internationale puisque l’Azerbaïdjan menace d’attaquer la population si elle ne libère pas le « territoire qu’elle occupe illégalement depuis 30 ans ». La JAF, forcément sensible eux évènements récents, met les bouchées double pour diffuser son message. Pascal Chamassian, directeur artistique des écoles de la JAF, confirme qu’« à cause de ces évènements, la situation est délicate. L’Arménie est menacée donc nous lançons l’alerte et nous devons sensibiliser ceux qui ne le sont peut-être pas. En 2020 le message avait été actualisé, donc là en 2022, c’est pareil ». En effet, l’un de piliers de l’association est sa lutte contre toutes les formes de négationnisme. Depuis la reprise des conflits, la JAF tient donc particulièrement à faire vivre le souvenir du génocide arménien à travers ses adhérents.

Développer la culture arménienne

Parmi les grands axes de l’action de la JAF, celui de perpétrer la culture arménienne est surement celui que l’association fait le mieux. Pour cause, un bon nombre d’adhérents ne sont pas arméniens : ce sont quelques marseillais sensibles à la cause arménienne, venus pour en apprendre plus. Pascale, 52 ans, est une marseillaise qui s’est inscrite récemment à l’association : « Je connaissais la course pour la mémoire, et à force d’y participer j’ai découvert cet endroit. La culture [arménienne] me plait, alors je suis venue ». En plus de son rayonnement à l’échelle régionale, la JAF a créé ses écoles depuis 2001. Environ 200 élèves sont inscrits aux cours dispensés par l’association. Ils y apprennent la danse, la musique, et la langue arménienne sous la supervision de Marion Chamassian, Michaël Vemian et Emma Martirosyan.

L’important devoir de souvenir

La lutte de la Jeunesse Arménienne de France contre le négationnisme ne vise pas uniquement la reconnaissance du génocide arménien, mais la reconnaissance des tous les massacres sans distinction. Le rôle de l’association est également de « diffuser la paix », selon Pascal Chamassian. Depuis 2012 la Jeunesse Arménienne de France a créé un évènement pour dénoncer les génocides : la « Course pour la mémoire ». Cet évènement est organisé par une association satellite de la JAF, « courir pour la mémoire », qui est présidée par Gérard Kirkorian. Il définit le collectif comme une association qui : « organise par le sport la lutte contre les génocides du XXème siècle. ». La 6ème édition de cet évènement a eu lieu le 23 octobre et a rassemblé 800 personnes sur la corniche. Le maire arménien de Marseille Benoit Payan, présent à l’évènement, a déclaré : « Soyez fiers de ce que vous êtes, n’abdiquez jamais, n’abandonnez jamais votre Arménité, elle se confond avec l’Histoire de France. ».

Le premier chantier de la planification écologique lancé à Marseille

Christophe Béchu et Benoît Payan lors du lancement du premier chantier de la planification écologique sur la gestion de l’eau à Marseille - @ChristopheBechu
Christophe Béchu et Benoît Payan lors du lancement du premier chantier de la planification écologique sur la gestion de l’eau à Marseille – @ChristopheBechu

Menée par Elisabeth Borne et le gouvernement, la planification écologique débute à Marseille, avec le premier chantier sur la gestion de l’eau. Emmanuel Macron, avait fait de l’écologie sa priorité, lors de son meeting d’entre-deux tours de l’élection présidentielle, dans la cité phocéenne, le 16 avril dernier.

Le premier chantier de la planification écologique gouvernementale, sur la gestion de l’eau, lancé à Marseille

« Le projet de récupération d’eau, d’arrosage au goutte-à-goutte est primordial » affirme Richard Hardouin, Président de France Nature Environnement Provence-Alpes Côte d’Azur. Pour commencer, le premier chantier de la planification écologique gouvernementale, consacré à la gestion de l’eau, a été lancé à Marseille, le 29 septembre dernier. Pour toutes ces raisons, Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, était présent.

Les enjeux des travaux du chantier

En ce qui concerne les travaux de ce chantier de la planification écologique sur la gestion de l’eau, reposent sur des enjeux précis. Premièrement, sur le partage de l’eau entre les corps de métier agricole et industriel. Deuxièmement, sur la sécurisation de l’accès à une eau potable de qualité. Dernièrement, sur le fait de garantir la prévention des inondations. L’ex-Ministre du Travail Elisabeth Borne, a présenté vendredi dernier, son plan « France nation verte ». Il s’agissait du Conseil national de la Refondation « Climat et Biodiversité ». L’objectif étant de couvrir les domaines de la vie quotidienne des citoyens français. Les points essentiels reposent sur la mobilité, le logement et la restauration de la biodiversité.

La planification écologique, priorité d’Emmanuel Macron

Le prochain Premier ministre sera « directement chargé de la planification écologique ». Tels sont les mots d’Emmanuel Macron, lors de son dernier grand meeting de campagne, le 16 avril, à Marseille. En 2022, après l’élection présidentielle, c’est Elisabeth Borne qui succède à Jean Castex, à la tête du gouvernement.

Le gouvernement a un objectif de baisse de prélèvements en eau. Il s’agit de 10 % d’ici à 2025 et de 25% d’ici à 2035. Anticiper l’été 2023 et éviter un nouvel épisode de sécheresse. Voici ce que la restriction d’usage de l’eau doit permettre entre novembre et janvier. Cet été, 117 communes n’avaient pas d’eau potable. Les collectivités territoriales ont un rôle déterminant quant à l’économie de l’eau et la sensibilisation auprès des citoyens et des entreprises.

https://infogram.com/flow-light-1h7z2l8ewm58x6o?live

Marseille : un an de covid-19

La covid-19 a « fêté son premier anniversaire » en mars dernier. Marseille a été une des villes de France les plus touchées par le virus. Malgré les nombreuses mesures gouvernementales restrictives, la cité phocéenne s’est adaptée pour lutter contre l’épidémie.  

Marseille, Fort Saint-Jean (crédits: Flickr) 

I- Le début du virus 

Les premiers cas de covid-19 en France ont été recensés le 24 Janvier 2020. L’origine du virus a été rapidement détectée et plusieurs Français séjournant à Wuhan ont été rapatriés d’urgence en France. Le troisième vol en provenance de Chine a ainsi ramené plusieurs voyageurs, dont 35 nouveaux Français qui ont atterris sur la base militaire d’Istres, près de Marseille. Ils sont arrivés le 9 février 2020 et sont restés 14 jours en quarantaine, la durée maximale d’incubation du virus. Les autres Français en provenance de Wuhan ont été placés dans un centre de vacances à Carry-le-Rouet et se sont retrouvés, au total, à 225 dans les locaux méditerranéens. 

II- Les mesures de restrictions 

La covid-19 se propageait en France, avec chaque jour 100 nouveaux cas, le président, Emmanuel Macron, annonça donc le premier confinement national. La France se retrouva donc sous cloche du 17 mars au 10 mai 2020. Marseille se retrouva vidée de ses rues, de ses routes et de ses plages. Et pendant que la nature reprend ses droits sur le territoire méditerranéen, les marseillais s’occupaient comme ils le pouvaient avec « Question pour un balcon« .  

Le 11 mai 2020, les marseillais ont pu descendre dans les rues et aller sur les plages, pour profiter de l’été. La courbe marseillaise du virus était basse mais avoisinait les 300 cas, la semaine du 15 juillet. Pour éviter une deuxième vague épidémique, le gouvernement a rendu le masque obligatoire dans les lieux publics clos, à partir du 20 juillet.  

Malgré les nombreuses mesures du gouvernement, les cas de covid ne cessaient d’augmenter et les hôpitaux de Marseille se retrouvaient débordés avec 177 patients hospitalisés le 28 septembre et 50 personnes en réanimation. La deuxième vague approchait plus rapidement que la première et le deuxième confinement national s’installa du 30 octobre au 15 décembre, suivi du couvre-feu. Un deuxième confinement plus difficile que le premier, surtout pour les étudiants qui ont dû s’adapter aux mesures et faire cours chez eux, sur leur ordinateur. 

III- Lespoir du vaccin 

(Crédit : Futura-Sciences) 

Les cas de covid-19 augmentent chaque jour dans les régions à risque, comme les Bouches-du-Rhône. De nombreux laboratoires travaillent sur un vaccin depuis le début de l’épidémie, comme Moderna, Pfizer ou encore BioNTech. C’est au lendemain de Noël, le 26 décembre 2020, que la vaccination commence en France. 

De nombreux établissements se transforment en centres de vaccinations et notamment le Vélodrome, à Marseille, qui devient un vaccinodrome, le 15 mars 2021. Les supporters du club de foot marseillais se sont transformés en patients. Ils étaient 500 à attendre devant le stade pour leur première injection, en ce premier jour d’ouverture.  

Margaux Trémier 

Une année de vie sous Covid-19 à Marseille

Il y a un peu plus d’un an maintenant le virus de la Covid-19 arrive en France. Du rapatriement des Français de Wuhan à Carry-le-Rouet au stade Vélodrome transformé en centre de vaccination, Marseille a vécu une année régit par un ennemi invisible.

Le 31 janvier et le 1er février 2020, à Carry-le-Rouet, 181 Français en provenance de Wuhan, épicentre de la pandémie, ont été accueillis pour effectuer leur période de quarantaine dans un centre de vacances. Cet endroit n’avait pas été choisi au hasard. Le centre est situé proche de plusieurs aéroports et de la base aérienne de Istres, mais aussi de L’IHU Méditerranée à l’hôpital de la Timoine au cas où l’un des ressortissants contracte le virus. Les 181 Français ont terminé leur quarantaine le 14 février 2020.

Mars 2020 arrive et avec lui, certainement le plus grand bouleversement dû à la Covid-19. Le début du mois se déroule des plus normalement, le soleil commence à se faire sentir, les restaurants et les bars accueillent des clients heureux de retrouver le beau temps. Réjouissance que le Président de la République a rapidement estompée le 16 mars 2020, l’annonce du confinement tombe. Les restaurants, bars, écoles, commerces et lieux touristiques ferment, le télétravail est de mise. L’attestation de sortie fait son apparition, obligatoire si l’on veut mettre le nez dehors. Marseille se vide donc petit à petit, la ville si animée en ces débuts de beaux jours laisse place au vide et au silence.

Un semblant de normalité

55 jours plus tard, le 11 mai, la vie reprend dans les rues de Marseille. Un semblant de vie normale accompagne l’été 2020. Les bars et restaurants reçoivent à nouveau les clients comme avant. Les élèves retrouvent le chemin de l’école pour cette fin d’année scolaire. Les gens partent en vacances, les Calanques et les plages sont pleines à craquer, les Marseillais regoûtent à la normalité, mais pas pour longtemps.

Avec la rentrée de septembre, les courbes de la pandémie remontent en flèche. Marseille est particulièrement touchée. Jean Castex en septembre avait estimé que « la situation était grave à Marseille ». À compter du 17 octobre Marseille connaît son premier couvre-feu de 21h à 6h. La situation ne s’arrangeant pas le gouvernement a dû prendre de nouvelles mesures. Un deuxième confinement est annoncé, allant du 29 octobre au 1er décembre. Celui-ci signifie fermeture des restaurants, bars ou autres lieux culturels, un nouveau gros coup dur pour ces secteurs déjà durement touché par la pandémie.

Le mois de décembre apporte son lot de bonnes nouvelles. Plusieurs entreprises médicales sont sur la bonne voie dans la confection de vaccins contre la Covid-19.

Le lundi 15 mars, le Vélodrome ouvre ses portes en tant que centre de vaccination.

Le maire de Marseille Benoît Payan parle de « probablement l’un des plus grands centres de vaccinations en France. ». Aujourd’hui, au Vélodrome plus de 2000 personnes sont vaccinées par jour. Marseille se place donc dans les lieux de vaccinations les plus efficaces de France.

Malgré la vaccination qui prend de plus en plus d’importance en France, les Marseillais comme le reste des Français ont assisté ce samedi au début du 3ème confinement. Il doit durer jusqu’à la fin avril. À ce moment, un point sera fait sur la situation sanitaire à ce moment-là par le gouvernement.

Trouvez ci-joint l’évolution des cas Covid (Infogram) à l’Assistance publique – Hôpitaux de Marseille, pour le mois d’avril 2021.

Les étudiants en première ligne face à la COVID-19 : L’appel à l’aide d’une génération

Depuis plus d’un an, la crise du coronavirus a impacté le quotidien des français. Au cœur de la tempête, la situation mentale des jeunes inquiètent de plus en plus.

étudiant en télétravail

Il y a maintenant plus d’un an, le 17 Mars 2020 Emmanuel Macron, le président de la république annonçait le premier confinement. A cette occasion, l’ensemble de la population était invité à rester chez soit pendant 1 mois et 23 jours. Impactés comme tous les autres, les étudiants ont malgré tout été très durement touchés par cette crise. En cause, la perte d’une vie sociale à un moment de leur vie ou le développement se fait beaucoup au travers des autres et des rencontres mais encore un stress accru par une peur de l’avenir, de ne pas réussir leurs études.

Si aujourd’hui les médias s’attardent autant sur le bien-être des étudiants et que le gouvernement annonce de plus en plus de mesures pour les aider, ce n’est pas pour rien. Il suffit de s’intéresser aux quelques sondages réalisés ces derniers mois sur la détresse des jeunes et des étudiants pour comprendre que toute cette médiatisation est importante :

Si on se réfère à l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), la définition de la santé c’est un état de bien-être physique, mental et social. Or, on se rend compte que la situation mentale et sociale des jeunes et des étudiants est très problématique. Les services en ligne se retrouvent de plus en plus sollicités : d’après les centres anti-poisons de France, les appels pour tentative de suicide par empoisonnement par des jeunes ont énormément augmentés. Les demandes d’aides sur la ligne anorexie boulimie ont augmentés de 30% chez les 18/21 ans ce qui concerne 600 000 personnes.

Souvent les jeunes atteints de ces troubles les avaient déjà développés en amont de et le confinement n’a pas aidé. Retour chez les parents qui ne passe pas forcément bien, ou au contraire isolement et absence de vie sociale, en raison des cours en distanciels qui privent les jeunes d’une interaction, et décrochage et échec scolaire. Encore une fois les chiffres sont alarmants :

« On peut noter deux symptômes principaux chez les jeunes : l’anxiété et de la dépression, explique Sophie, psychologue, les patients qui se décrivent comme anxieux sont inquiets pour leur avenir, leur santé ou économiquement, tandis que ceux atteints de dépression témoignent d’une grande solitude. Malheureusement ces symptômes vont souvent ensemble. »

L’état à la rescousse des étudiants

L’état a malgré tout proposé de nombreuses aides aux jeunes : 150 euros ont été donné en plus aux jeunes non étudiants, tandis que toutes les étudiantes et tous les étudiants eux bénéficient de repas à 1 euros dans les restaurants universitaires au lieu des prix habituels de 3 euros 50. Mais les aider financièrement n’est pas la seule chose à faire, le gouvernement a donc mis en place des aides psychologique en ouvrant des numéros verts comme le 0 800 19 00 00 (à appeler en cas de détresse, d’isolement ou de problèmes vis-à-vis de la crise sanitaire), en proposant des aides pour aller rencontrer des psychologues, ou en permettant à certains étudiants, plus en difficultés que d’autres de reprendre les cours en présentiel avant leurs camarades, pour apprendre plus facilement et retrouver un contact avec leurs professeurs.

Un avenir qui inquiète

Aujourd’hui si de nombreux étudiants sont autant angoissés pour leur avenir, c’est que la situation a de quoi inquiéter. Les futurs diplômés se demandent s’ils réussiront à s’intégrer dans le milieu professionnel à la fin de l’année, alors que même que de nombreux secteurs se retrouvent en crise financière à la suite de la crise sanitaire. Beaucoup d’entre eux se sentent stressés car ils ont une impression de ne pas être suffisamment formé et ont peur pour leur avenir. « J’ai eu du mal à trouver un stage, confie Etienne, un étudiant en restauration, et pas dans ce que je souhaitais faire. Forcément je m’inquiète pour mon futur, le milieu est très fermé et je me demande si je vais réussir à trouver un travail plus tard. »

Au cœur de la crise, certaines mesures ont été mises en place pour s’entraider. Jérémy Lavault est chargé de mission orientation et insertion professionnelle au sein du bureau national de la FAGE (Fédération des Associations Générales Etudiantes) : « On a mis en place des distributions alimentaires dans toute la France, on a développé nos épiceries solidaires et sociales, créé des lignes d’écoute psychologiques, décrit le jeune homme, évidemment on est très mobilisé auprès des universités, des instances publiques pour demander des mesures et des actions concrètes en faveur des étudiants ». Aujourd’hui c’est plus de 150 000 paniers de nourriture ont été distribués dans toute la France.

Une gestion de la crise sanitaire qui n’est pas au goût de tout le monde

Si aujourd’hui l’état s’est autant démené pour apporter des aides aux étudiants, cela n’empêche pas les jeunes d’exprimer leur colère. « Il a fallu attendre qu’il y ait des morts pour que la situation mentale des jeunes soient prise au sérieux, s’énerve Enzo, étudiant en école d’ingénieur, c’est quand même fou que rien n’a été mis en place avant ça. » Il fait référence ici aux tentatives de suicide et décès d’étudiants à Lyon en janvier dernier, qui avaient mis en lumière la détresse de nombreux étudiants.

« Ces mesures ne répondent pas aux besoins sociaux »

Ce qui est reproché à l’état c’est de ne pas comprendre ce dont ont besoin les étudiants. « On nous propose des aides financières, mais très peu d’aide psychologique, râle Enzo, de l’argent là ou un retour en présentiel pourrait permettre de régler beaucoup de situations. » Maëlys, étudiante en Langue à Aix-En-Provence fait le même constat : « Depuis le début de l’année, je suis allé en cour pendant 2 mois, explique-t-elle, c’est carrément insuffisant vue ma formation. Le souci c’est que j’ai l’impression que nous les étudiants on se retrouve en première ligne durant cette crise et qu’on est complètement oublié ».

Une colère comprise par la FAGE, le syndicat étudiant : « Force est de constater que les universités et l’ensemble des acteurs et actrices politiques n’en ont pas fait suffisamment, s’indigne le syndicat dans un communiqué de presse, le manque de moyens structurels n’a pas permis de relever les défis qu’étaient ceux de la crise. Certaines mesures sont à saluées mais n’en restent pas moins très tardives et ne répondent pas totalement aux besoins sociaux. » La FAGE a fait de nombreuses revendications à l’état pour demander une réforme des bourses et une garantie jeune universelle qui permettrait comme dans d’autres pays aux étudiants d’obtenir des aides pour leurs études.

témoignages d’étudiants

Loris Castaing

Scolarité inclusive: quelles aides pour les élèves atteins de handicap dans l’enseignement?

Plus de 37 000 étudiants sont en situation d’handicap. Depuis 2019, le gouvernement a mis en place la loi de l’école inclusive.

AESH avec un élève en situation d’handicap

Le gouvernement français d’Emmanuel Macron a inscrit dans ses priorités l’inclusion dans le cadre scolaire et l’aide aux personnes en situation de handicap. Depuis le 17 Juillet 2019, et la loi installée par Jean-Michel Blanquer et Sophie Cluzel, un Comité national de suivi de l’école inclusive a été créé. Ce comité a pour objectif de suivre le déploiement de l’école inclusive et de surveiller les réussites ou difficultés que peuvent rencontrer des élèves. En 2019, 1,69% des étudiants dans l’enseignement supérieur étaient en situation d’handicap ce qui correspond à 37 502 élèves.

Dès le début de leurs études, les élèves en situation d’handicap sont accompagnés par des AESH (Accompagnant des Elèves en Situation d’Handicap). Des classes spécialisées sont mises en place en primaire pour aider au développement des jeunes qui ne peuvent pas suivre les cours avec les autres. Les autres sont accompagnés durant leur scolarité au travers d’AESH donc mais aussi lors d’aides aux devoirs le soir. Durant la primaire et le collège ces accompagnements sont quasiment systématique, la différence étant que les élèves qui réussissent à passer au-dessus de leur handicap rejoindront petit à petit les classes standards. De plus au fur et à mesure du temps les aides seront moins fortes. « Pour la plupart des élèves ce ne sont pas des handicaps qui se soignent, explique Véronique Ratinet, infirmière scolaire au lycée La Ricarde, l’idée c’est donc d’aider ces étudiants à développer une autonomie en vue de leur avenir. »

Des aménagements adaptés à chacun

Aujourd’hui les enfants en difficulté disposent de nombreuses aides pour pouvoir suivre des cours avec tout les autres. Marius est en terminal au lycée professionnel agricole La Ricarde à L’Isle-Sur-La-Sorgue et est dyslexique et a le droit d’être suivi par un AESH. « Sandra m’accompagne durant certains cours, ou je suis plus en difficulté, explique-t-il, elle m’aide à travailler en prenant les cours pour moi, pour que je puisse me concentrer à écouter, m’explique les exercices que je ne comprends pas, et prend du temps en dehors des cours pour de l’aide aux devoirs. » Plusieurs élèves plus en difficultés bénéficient d’accompagnements spécialisés, comme des taxis qui s’occupent de les accompagner d’eux jusqu’aux lieux de cours, la possibilité d’avoir du matériel spécialisé comme des ordinateurs ou des scanners, ou un suivi plus précis avec des rendez-vous plus fréquent avec l’infirmière scolaire par exemple. Durant les examens certains peuvent également bénéficier de tiers-temps par exemple.

Mais si Marius est accompagné, ce n’est pas le cas de toutes les étudiantes et tous les étudiants. Pour pouvoir bénéficier d’aide dans les lycées, il faut le demander. Or, beaucoup de familles ne le font pas et ne bénéficient donc pas de ces aides. « L’école peut déclencher un processus pour proposer à certains de monter un dossier, explique Sandrine Lafon la CPE au lycée la Ricarde, mais les parents ne sont pas obligés de le faire, certains refusent d’admettre que leur enfant en a besoin, tandis que d’autres ne veulent pas faire de différences entre lui et un autre élève. »

Un avenir flou pour ces élèves

Malgré tout aujourd’hui le futur de ces jeunes est souvent flou. D’abord car ils ont pour beaucoup de difficultés à s’intégrer dans leurs stages. « Aujourd’hui rien n’est fait pour aider les jeunes à trouver des stages particuliers, développe Sandrine, de plus on ne peut pas prévenir les maîtres de stage de la situation des élèves qu’on leur envois, ça peut donc amener à de mauvaises surprises. » En plus de ça, pour les étudiants qui continuent leurs études, si des accompagnements spécialisés sont prévus pour les aider, peut d’entre eux les acceptent car ils ont une volonté de s’intégrer, de ne pas paraître différents. Le soucis étant que beaucoup d’entre eux se retrouvent en échec scolaire à la suite du lycée en raison de ce manque d’accompagnement.

Sandrine Lafon CPE à La Ricarde explique les aménagements pour les jeunes en situation d’handicap dans son lycée

Un système qui ne plaît pas à tout le monde

Pourtant aujourd’hui l’école inclusive ne fait pas l’unanimité. Certains professeurs se plaignent du manque de moyen pour accompagner les jeunes. « Quoi qu’on en dise, ces jeunes sont à part, et pour les accompagner, cela demande beaucoup de temps, alarme Éric, professeur au lycée La Ricarde, du temps qu’on ne consacre donc pas aux autres élèves. »

Et effectivement la situation peut alarmer quand on sait que les professeurs n’ont quasiment aucune formation pour accompagner ces jeunes, alors même que le lycée La Ricarde compte 10% d’élèves en situation d’handicap: « Du fait qu’on a peu de formations, on peut prendre les mauvaises décisions ou perdre patience lors des cours, explique Géraldine, une collègue d’Eric, et parfois ça peut amener à des situations ou un professeur est dépasser par les évènements. »

La difficulté d’aider ses élèves se pose encore plus alors que le lycée est un lycée professionnel et demande donc l’apprentissage d’outils qui peuvent s’avérer dangereux. « Pour ma part, je fais beaucoup de cours pratiques, continue Éric, et durant ces cours j’apprends à mes élèves à utiliser des machines comme des tronçonneuses. Or, lorsque certains ne sont pas accompagnés, c’est très compliqué de les faire manipuler parce qu’ils peuvent sans s’en rendre compte se mettre ou mettre les autres en situation de danger. »

3 questions à Véronique Ratinet, infirmière scolaire

Véronique est infirmière au lycée professionnel La Ricarde, et est au contact d’élèves en situation d’handicap.

Quel est le rôle d’une infirmière scolaire auprès des élèves en situation d’handicap?

Premièrement c’est moi qui m’occupe des dossiers. Je sais exactement ce dont ont besoin les élèves, notamment au niveau du matériel dont ils ont besoin. Une fois par an aussi, il y a une réunion avec les parents, le professeur principal, le CPE et moi-même pour définir tout les besoins de l’élèves. Mais le rôle principal de l’infirmière c’est de dédramatiser une situation. Dans le lycée, on a 10% des élèves en situation d’handicap, et beaucoup ont des problèmes mentaux, et lorsqu’il peut y avoir un différent avec un professeur, c’est à moi de les prendre en charge pour tempérer les choses.

Quels sont les jeunes qui bénéficient d’un accompagnement spécialisé?

Il y a des médecins qui travaillent pour la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées) et qui actent le fait que la personne ait un handicap. A partir de là on met en application ce que la MDPH nous dit. C’est un dossier qui se monte et cet handicap est souvent bien accompagné par les parents. Ensuite il y a des handicaps qui sont avérés par des tests de psychomoteur, par exemple. Ceux-là ne sont pas reconnus par la MDPH car on considère que l’handicap n’est pas suffisamment important ou parce que les parents ne veulent pas reconnaître l’handicap.

Après le lycée, si un élève n’est pas complètement autonome, quels sont les aides?

Au niveau du collège, pour nous tout s’arrête parce qu’on ne continue pas à accompagner nos élèves en dehors du lycée. Malgré tout la MDPH peut décider de continuer à leur donner des aides. Ces aménagements permettent si les parents le souhaitent à l’élève de bénéficier d’accompagnement après le lycée durant ses études supérieures. Malgré tout on remarque aujourd’hui que peut d’étudiants prennent cette option car cela demande beaucoup de temps et beaucoup veulent être plus autonome.

Loris Castaing

Des étudiants délaissés par leur établissement scolaire

étudiants - crise sanitaire - covid 19 - abandon scolaire

Depuis le premier confinement, de nombreux étudiants subissent le revers de la crise sanitaire. Cours à distance, sentiment d’abandon ou encore annulation de leurs échanges universitaire, cette population est l’une des plus impacté par le covid 19.

Victoria Simoës Massoni, 22 ans, danseuse semi-professionnelle s’est retrouvée du jour au lendemain dans le flou le plus total. Complètement abandonnée par son école, Victoria s’est sentie délaissée, seule face à elle même durant cette crise sanitaire.

« Tout a commencé en mars 2020, lorsque j’étais à New-York et que l’épidémie du Covid 19 à démarré. J’ai dû immédiatement quitter le territoire américain, abandonnant mes cours de danse à la « Joffrey Ballet School. J’ai également laissé tomber mes études en Art à l’université du New Jersey», témoigne la danseuse de ballet. De retour en France, l’étudiante continu, malgré le décalage horaire, sa formation de danse et ses cours en visioconférence« Ce n’était vraiment pas facile, j’étais très déboussolée physiquement et mentalement », explique-t-elle « Il m’arrivait de terminer un cours ou un entraînement de danse à trois heures du matin ».  

Ne pouvant pas reprendre ses études aux Etats-Unis, en septembre 2020 elle intègre l’académie internationale de danse de Leila Da Rocha et Patrick Dupont, la White Eagle Dance Academy, à Bordeaux. « C’est une école professionnelle et réputée en France, où je me suis très rapidement sentie bien », assure la ballerine.
Un accompagnement sportif et scolaire très sérieux dans cette école qui correspond aux attentes de Victoria.
« En quelques semaines j’ai progressé et j’ai repris du plaisir à danser sur le plancher d’une salle de danse », reconnaît Victoria.
Elle ajoute que « c’était un soulagement pour moi après ces six mois enfermés chez moi dans un 40m2, où il était difficile de m’entraîner ».

Cours de ballet à la Joffrey Ballet School à New-York, Novembre 2019. © Sacha Dourian

« La formation s’est arrêtée du jour au lendemain »

« Le cauchemar a recommencé un mois après ma rentrée ». En octobre un cluster est détecté à l’internat où beaucoup de danseurs ont été contaminés. Suite à cela, l’école a été contrainte de fermer ses portes pour deux semaines minimum.
« ça a commencé par un isolement de 14 jours, comme les mesures sanitaires le stipulaient», explique la jeune femme.
« Après ça, le gouvernement ordonne la fermeture de toutes les salles de sport et studios de danse pour une durée indéterminée.
Et là tout s’est effondré dans ma tête ». Une restriction sanitaire qui a directement pénalisé les sportifs de haut niveau. Même avec cette étiquette là, aucun cours ne pouvait être envisagé en présentiel.

« Depuis ce jour ma formation s’est arrêtée et l’école a définitivement fermé définitivement  ses portes ». Abandonnée sans aucune explication autre que celle de la crise sanitaire, l’étudiante s’est retrouvée seule face à elle-même. « Aucune mesure n’a été mise en place par l’académie afin d’entretenir mon corps et mon esprit », rapporte Victoria. « C’est -à -dire que l’on a complètement été délaissé », ajoute-t-elle frustrée. Aucun cours de danse en vidéo conférence a été donné, « la formation s’est arrêtée du jour au lendemain sans explication ». 

« J’étais mal, très mal, les trois mois qui ont suivi étaient un calvaire »

Victoria Massoni

Un report de l’année scolaire ne correspondait pas aux attentes de l’étudiante et sportive professionnelle. Tout de même envisagé pour assurer ses études, postule dans de nouvelles écoles. Malheureusement cela n’a pu aboutir, étant donné que la pandémie était toujours présente en janvier 2021. Une nouvelle fois délaissées par son école, elle est rentrée chez elle.
« Je me suis donc retrouvée, comme en mars 2020, toute seule dans mon salon à danser. ll ne fallait que je perde mon niveau et ma forme physique », témoigne-t-elle. « Je travaillais des pas et des sauts. Une chaise me servait d’appui pour faire les exercices de barre et un lino posé au sol pour éviter les blessures. », détaille la jeune femme de 22 ans. 

Entraînement à l’école de danse à Aix en Provence. © Marie Lozzi

Maintenir sa forme physique et mentale malgré tout

Pour conserver son niveau de danse, Victoria s’inscrit aux cours en visioconférence que propose d’autres écoles de danse. Des entraînements indispensables pour la jeune danseuse ballerine.  « J’ai besoin à ce moment-là qu’un professeur me vienne en aide et corrige mes erreurs ». Pour elle, il n’était pas possible de continuer toute seule.
De plus, grâce aux nouvelles mesures établies par le gouvernement, la jeune danseuse a pu, faisant malgré tout partie d’une formation professionnelle, participer à des stages de danse. « Pendant un mois j’ai intégré la Karl Paquette danseur étoile à l’Opéra de Paris », explique l’artiste. Pour progresser davantage, elle loue également un studio de danse à Aix-en-Provence. Où elle prépare et d’enregistre ses vidéos d’auditions dans de bonnes conditions. 

Malgré des baisses de moral et l’envie de tout abandonner, je n’ai pas baissé les bras, j’ai continué de travailler d’arrache-pied sans ne jamais rien lâcher et cela a payé.

Victoria S.M

Lors de cette période compliquée, la jeune femme a su compter sur le soutien de sa famille et ses amis. Grâce à sa détermination et  la présence de son entourage, la danseuse a su remonter la pente. Après plusieurs auditions passées au cours du mois d’avril, elle décroche enfin une place dans une école internationale de danse. « Je suis très heureuse d’intégrer dès le 1er septembre 2021 le Junior Ballet de la compagnie Etoile Ballet Théâtre de Piacenza, en Italie », annonce-t-elle en ajoutant avec beaucoup d’émotion : « C’est un nouveau départ et j’en suis très fière ».

En ce qui concerne son ex école de danse, la formation White Eagle Dance Academy, la famille de Victoria a lancé une procédure judiciaire.  Afin d’obtenir un remboursement de la totalité des cours payés d’avance et non effectués.
« La procédure s’annonce très longue, heureusement que j’ai la chance d’avoir des parents qui me soutiennent et m’aident financièrement pour envisager mon avenir sous de meilleurs auspices », conclue Victoria Simoës Massoni.

Ecoutez – Interview avec Hélène Foxonet, psychologue clinicienne « Ils viennent me voir car ils sont pas bien, il y a une fragilité »


Comme Victoria, de nombreux étudiants ont connu ce sentiment d’abandon par leurs Instituts. Dans les écoles de commerce, beaucoup d’étudiants ont eux subit la situation par l’annulation de leurs échanges à l’étranger

Les étudiants en école de commerce frappé de plein fouet par le covid

En école de commerce de nombreux étudiants peuvent aller étudier à l’étranger comme il était prévu dans leur cursus scolaire. Beaucoup d’entre eux ont vu leurs échanges à l’étranger être annulés. C’est le cas des élèves de 2ème, 3ème et 4ème année en IBBA à Kedge Business School Marseille. 

« J’ai terminé 10 sur 350 élèves, j’ai réellement bossé pour ces échanges et pour pouvoir choisir sereinement le meilleur endroit. »

Quentin Petit Dit Dariel

Quentin Petit Dit Dariel, étudiant en deuxième année IBBA (International Bachelor of Business Administration), à Kedge. Ce cursus compte 4 ans d’étude avec minimum un an et demi d’échange à l’étranger. Malheureusement, comme beaucoup de ses camarade le jeune homme a vu son avenir professionnel prendre du retard. 
En novembre dernier, les élèves ont dû choisir leur voeux en fonction de leur positionnement au ranking. « Mieux tu es référencé, mieux tu pourras choisir là où tu souhaites partir. », explique l’étudiant en marketing. A savoir que , plus le score est élevé, plus le choix sont denses parmi les écoles proposées. « En revanche, ceux qui sont en bas de la liste, prennent les lieux qui restent». 

Faisant partie des dix meilleurs élèves de première et seconde années, , en octobre dernier, il fait le choix de partir à Singapour. L’une des écoles de Kedge la mieux classée dans le monde.
« J’ai senti le problème arriver, alors j’ai décidé de prendre un peu les devants en demandant à Kedge des garanties », confie Quentin. Après plusieurs échanges avec la direction, Quentin n’a pas eu de réelles réponses à ses questions. 
L’étudiant assure que « l’école n’avait rien prévu, ils restaient positifs pour les échanges prévus en septembre 2021 », avant d’ajouter : « J’ai eu la directrice des programmes, la directrice des échanges ainsi que le directeur de Kedge, leur seule réponse était : “Nous on ne peut pas prévoir”.

ötudiants en école de commerce - covid19 - échanges annulés
Près de 300 étudiants ne sont pas partis étudier à l’étranger cette année. © Kedge Business School

3 solutions proposées

Après l’annulation de leurs échanges, les étudiants en troisième année, on reçu trois solutions de la part de l’école. Premièrement, une année sabbatique en reportant les frais de scolarité à l’année d’après. Deuxièmement, faire des cours à Kedge ou à distance. Et enfin, le choix de la réaffectation dans une autre université.

« Je regrette d’avoir choisi l
‘option « cours », c’était une perte de temps  ». Elisa Gauthier, en 3ème année IBBA est finalement déçue de cette “solution” proposée par son établissement. Pour elle, « cela ne correspond pas à nos études, c’est mettre des cours pour combler le vide et nous faire croire qu’on ne paye pas l’école pour rien », poursuit l’étudiante. 

Pas de réaffectation pour les 2ème années


Contrairement aux étudiants des années supérieures, les 2ème année n’ont pas eu la possibilité d’être ré-affectés. Les seules alternatives proposées par l’établissement sont pour eux : l’année sabbatique ou l’option des cours à Kedge.
A la suite de cela, Quentin est totalement abasourdit :« moi on me dit quelques mois avant que l’école va tout faire pour que cela se passe bien, je tombe sur le cul »,

 « Ils n’ont jamais préparé de plan B à part nous proposer des cours inutiles et une année sabbatique »

Quentin, étudiant en 2ème année IBBA à Kedge Business School Marseille

Quelques mois au paravant, Quentin Dit Dariel dresse de son côté un plan d’alternatives possibles au cas où la situation n’évolue pas. « Le directeur et la directrice des échanges sont littéralement passés à côté », avoue frustré l’étudiant en commerce. Même si l’établissement scolaire de Quentin n’y est pour rien à l’annulation des échanges. Néanmoins, l’étudiant reste déçu du système d’enseignement et de l’organisation de l’établissement. On paye ces écoles une fortune, pour au final finir avec l’équivalent d’un bachelor, c’est décevant », conclut Quentin.

A voir aussi – Les problèmes d’anxiété chez les jeunes de 18-24 depuis la crise du covid

Fin de l’année pour les étudiants : un épuisement général teinté d’espoir

La vaccination s’accélère et que les lieux de rencontres rouvrent enfin, mais les étudiants sortent profondément marqués de cette année difficile. Entre cours compliqués, précarité et isolement : le bilan s’annonce lourd.

La plupart des universitaires ont presque fini leur année. Les partiels sont passés, et ses résultats ainsi que ceux de certains concours se font attendre. Pour beaucoup d’étudiants c’est un soulagement, mais aussi un ensemble de questions pour l’année prochaine, et d’espoirs. “Pour l’année prochaine, j’espère surtout être en présentiel”, explique Margaux Willemetz, étudiante en psychologie. “Même si maintenant j’ai fini mon année, il y a une forte impression d’être descolarisée”, ajoute la jeune femme. Selon un sondage de l’Institut Français d’Opinion Public (IFOP), 60% des étudiants interrogés craignent l’impact de l’enseignement à distance. Cela concerne leur santé mentale et leur efficacité à apprendre.

Des troubles physiques tels des maux de tête ou de dos surviennent à force de passer la journée devant un écran. En revanche, cela ne permet pas de dépenser le corps. Seul l’esprit est fatigué, ce qui perturbe le sommeil, et entraîne des difficultés à suivre les cours le lendemain. Ce cercle vicieux s’ajoute aux difficultés du contexte à la maison.

Capture d’écran des résultats du sondage sur la pédagogie pour les étudiants (OVE)

Selon un sondage réalisé par l’Observatoire National de la vie étudiante (OVE), seule la moitié des sondés (58%) disposent d’un espace calme et isolé pour travailler, et 63% d’une bonne connexion Internet. En revanche, selon Laurine Delamarre, étudiante en droit, la difficulté dépend essentiellement du cadre pédagogique. “La pression ne retombe pas”, s’exprime-t-elle. “Je pense vraiment que la crise donne un peu trop de confiance aux professeurs parce qu’ils sont derrière leur écran. C’est bête à dire, mais c’est vraiment comparable aux réseaux sociaux”, conclut tristement la jeune femme.

Une raison supplémentaire pour elle de redouter le déroulement des cours l’année prochaine. “Surtout qu’on ne connaît pas l’équipe pédagogique à l’avance. J’appréhende beaucoup, j’ai clairement peur que ça se passe comme cette année”, ajoute t-elle en précisant que le semestre 2 était le plus compliqué à gérer. D’ailleurs, cette angoisse remonte déjà au début de la crise sanitaire. Même si elle était plus simple à maîtriser grâce à l’idée que la situation sanitaire ne durerait pas aussi longtemps. “Au final, ce qui a le plus de conséquences sur ma santé c’est l’université. Entre l’absence d’impératifs créé par le distanciel et les profs qui nous mettent des bâtons dans les roues, c’est vraiment compliqué”. Un frein à l’assiduité en cours qui semble partagé.

Selon un sondage L’Etudiant/BVA/Orange réalisé en février dernier sur des étudiants, 74% d’entre eux ressentent une forte perte de motivation, et 71% le sentiment de décrochage scolaire. Le soutien entre étudiants semble primordial car, sur ce point, il existe peu de choses mises en place. “Il n’y a pas vraiment d’association (du moins pas que je sache). On a beau se soutenir entre étudiants, ça ne suffit pas à compenser la pression mise par les profs.”, s’exprime Laurine Delamarre. Un sentiment de trop plein partagé par Margaux Willemetz. “Désormais je me sens bien mais ce n’est pas dit, tout retournement de situation peut me mettre au fond du trou.”  Ces conséquences morales ne sont d’ailleurs pas seulement liées aux cours à la maison.

Précarité financière, le fléau des étudiants en 2021

Les crises comme celles que nous vivons actuellement impactent toujours les plus précaires, dont font partie beaucoup d’étudiants. C’est le cas de Margaux Willemetz. “Je suis impactée financièrement car les petits jobs les plus accessibles sont dans la restauration”, affirme la jeune femme. Les boulots étudiants ainsi disparus, il est compliqué de tenir jusqu’à la fin du mois, rien que pour s’alimenter. Thomas, vice-président de l’UNEF en charge de la solidarité durant cette année jusqu’au mois dernier, l’a remarqué. Responsable de l’organisation de la distribution, des partenariats et de l’administratif pour les dons et la banque alimentaire, le jeune homme dresse un constat alarmant.

Les étudiants sont plus tristes que d’habitude,  ils doivent assumer de vraies galères (d’appartement, d’argent, de cours, de bourses…). On sent que ce n’est pas du tout pareil qu’avant”

Selon lui, c’est l’élargissement de cette précarité qui est le plus alarmant. “Ce qui m’a peut-être le plus frappé, c’est des étudiants bénéficiaires qui avant n’auraient jamais eu besoin de distributions de colis ou de repas chauds et qui, par la conjoncture, en ont réellement besoin.”. Selon le sondage de l’OVE, 55% des sondés ont eu des difficultés financières pendant les confinements à effectuer leurs achats alimentaires, et plus d’un tiers d’entre eux (38%) à payer leur loyer. 

Si beaucoup d’entre eux étaient déjà précaires avant la crise sanitaire, certains l’ont subie de plein fouet : un quart a perdu ou modifié son activité rémunérée. Dans ce cas précis, les étudiants se sont tournés vers les structures compétentes dans la recherche de solutions. Thomas précise “Je trouve qu’Aix-Marseille Université (AMU) a plutôt bien géré et était à l’écoute autant que possible des difficultés des étudiants. Ils ont tenté de proposer des solutions avec le Crous, les enseignants et tout le personnel d’AMU.”

Ces aides sont en effet indispensables afin de permettre à ces jeunes de s’en sortir. Avec la réouverture des terrasses et bientôt celle de l’intérieur des restaurants, les extras pourraient être plus accessibles cet été. Cela permet aux étudiants de pouvoir être rémunérés, et pourquoi pas mettre de côté. Cela s’est vu à plusieurs reprises sur les réseaux sociaux : le fait de pouvoir payer son année pour la rentrée 2021 est parfois un casse tête à cause de la crise.

La solitude, raison principale de la chute du moral

Les cours en visioconférence ne permettent pas d'être aussi à l'aise qu'en présentiel.
Les cours en visioconférence ne permettent pas d’être aussi à l’aise qu’en présentiel. (Crédit@pexels)

L’isolement social est un facteur important dans la vie d’un étudiant. Voir ses amis, sa famille, sortir dans des lieux culturels et festifs sont des activités essentielles pour le développement sain d’un jeune adulte. Des conséquences qu’a remarquées Thomas lorsqu’il était au contact des étudiants en difficulté. “J’ai senti beaucoup de stress et des incertitudes qui ont alimenté ce stress, peu d’activités proposées globalement pour des étudiants qui restaient enfermés chez eux la plupart du temps”, précise le jeune homme. A noter que si certains le sont chez leurs parents, beaucoup sont aussi dans des résidences universitaires ou dans des studios assez petits.

C’est pour cette raison que l’association Student Massilia organise des apéros ou peuvent enfin se retrouver les plus isolés. Jeunes travailleurs, étudiants et chômeurs récemment installés sur Marseille s’y rendent afin de faire des rencontres. Camille, trésorière de l’association et également étudiante, témoigne du soulagement général. “Il y avait une ambiance très conviviale. Les personnes venues étaient contentes de pouvoir enfin rencontrer du monde, ce qui était difficile pendant un certain temps à cause du covid-19”. Un plaisir selon elle d’assister à cela. “Connaître de nouvelles de personnes et d’en faire rencontrer à d’autres, et puis voir le plaisir que cela donne à ceux qui sont restés isolés se ressent”. Un désir de contact humain que confirme Margaux, interviewée quelques jours avant la réouverture des terrasses.

C’est dur mentalement car je ne vois quasiment personne, ce qui renforce la solitude.  Il n’y a plus de distractions, de loisirs comme les bars, cinéma… Heureusement que cela va rouvrir”. 

Margaux, étudiante en psychologie.

Selon une étude réalisée par Gece en février dernier, plus de 52% des étudiants sondés déclarent que leur moral a drastiquement chuté. Ceux-ci comptent cependant sur les mois ensoleillés à venir pour reprendre un semblant de vie normale, avec les lieux culturels et de sorties à nouveau accessibles. L’occasion pour eux, comme pour tous, de profiter comme il se doit en faisant de nouvelles rencontres. De plus, les dernières nouvelles sont encourageantes. Selon les déclarations le 22 mai dernier de l’Institut Pasteur, la vaccination aurait un effet positif sur cet été. Si le rythme de la baisse du nombre de contaminés au coronavirus se maintient, les Français pourraient s’attendre à un été “tranquille”. De quoi garder espoir pour les mois à venir, et surtout pour l’année universitaire prochaine aux yeux des étudiants.

Consultez les autres articles sur les étudiants.

Par Maelle Faysse De Mulder.

Sida : en pleine pandémie, les plus précaires sont les plus touchés

[et_pb_section admin_label= »section »] [et_pb_row admin_label= »row »] [et_pb_column type= »4_4″][et_pb_text admin_label= »Text »]

Ces derniers mois, les personnes séropositives au sida ont subi la crise sanitaire plus que les autres. Entre difficulté d’accès aux soins et isolement, les populations les plus précaires ont vu leur quotidien changer.

Tout comme les autres maladies, le sida impacte plus largement les personnes en situation précaire que celles qui ont une situation assez stable. La pandémie de covid-19 a montré encore une fois que les plus démunis subissent des changements auxquels il est beaucoup plus dur de faire face. Cela concerne notamment, parmi les séropositifs, les personnes sans domicile fixe, les migrants et les travailleurs du sexe. “Avec les multiples confinements, la possibilité d’avoir un travail au noir qui permet tout juste de s’alimenter s’est réduite”, confie Marjorie Mailland, du Réseau Santé Marseille. Ces personnes qui “déjà n’avaient pas grand chose” se sont retrouvés face à des difficultés extrêmes.

Friederike Spernol, de l’association Sol En Si, affirme une multiplication par deux des demandes lors des collectes alimentaires et vestimentaires depuis le début de la crise, et ce n’est pas tout. Marjorie Mailland fait sonner l’alarme : pour les mois à venir, peu d’aides sont prévues et vont manquer à l’appel. “En 2021 il n’y a presque plus rien de créé. Less aides ne vont bientôt plus subvenir au besoin des séropositifs précaires, surtout au niveau alimentaire et de l’habitat”. De plus, la trêve hivernale prend fin le 31 mai prochain. Ainsi, si elle est satisfaite de tous les protocoles d’urgence pour l’accompagnement des personnes précaires au début de la pandémie, la suite s’annonce plus compliquée. Comme si la pandémie s’arrêtait d’un coup et qu’elle n’avait aucune conséquence. 

Précarité vs traitements du sida

Les personnes concernées, notamment celles qui viennent d’Afrique, auront pourtant besoin d’aides à l’alimentation et à l’habitat. Ce dernier point est d’autant plus complexe que la crise sanitaire a perturbé le fonctionnement des services publics, fermés durant le premier confinement. “La dématérialisation des démarches officielles éloignent les personnes qui ne maîtrisent ou ne possèdent pas d’appareils numériques”, explique Marjorie Mailland. Elle insiste : “C’est inquiétant pour la suite. Il y a des personnes qui ne rentrent pas dans les circuits d’aide sociale, notamment les migrants”.

D’ailleurs, Friederike Spernol appuie ce dernier point. Elle déclare que des personnes séropositives qu’elle accompagne attendent la demande d’asile depuis trois ans. Cela crée un frein à leur prise en charge au quotidien. “Lorsqu’on prend un traitement, certains médicaments nécessitent d’être pris en mangeant. Pour cela, il faut déjà avoir un accès fixe et régulier à un repas complet pour prendre ses cachets”. Friederike Spernol ajoute d’ailleurs que, lorsqu’on vit dans la rue, il s’ajoute une honte maladive liée à la promiscuité qui empêche d’être à l’aise pour les prendre. Si aujourd’hui le sida est contenu en France, c’est justement grâce à ce traitement. Et rater des prises entraîne le “yoyo” de la charge virale.

Baisse des tests sida en France, stabilité à Marseille

Le bilan de dépistage est assez stable sur la métropole Aix-Marseille.
Le bilan de dépistage est assez stable sur la métropole Aix-Marseille. (Crédit @pexels)

En France, ce sont 646 827 tests en moins réalisés en 2020 par rapport à l’année précédente, selon le comité de Coordination de la lutte contre les infections sexuellement transmissibles, et le virus de l’immunodéficience humaine (COREVIH). Si l’impact est fort à l’échelle du territoire national, il est presque inexistant sur la métropole Aix-Marseille. En effet, tous les centres de dépistage ont continué à accueillir du public, selon Florence Nicolai-Guerbe, coordinatrice de tous les CeGIDD de la région PACA et Corse. De même, très peu d’enfants naissent aujourd’hui en étant porteur du VIH. En revanche, les consultations dans les hôpitaux pour les personnes séropositives sont freinées par la saturation des services d’infectiologie. Or, pour bien vivre avec ce virus, il faut que la prise en charge soit faite le plus tôt possible. La prévention combinée le permet notamment, dont le dépistage fait partie.

Avec la prise du traitement dès qu’on est déclaré positif, la charge virale baisse suffisamment pour atteindre au bout de quelques semaines le stade indétectable, dans lequel on ne transmet plus le virus. Ceci est valable pour toutes les formes de transmission : les relations sexuelles, le sang, le fait d’être enceinte ou d’allaiter. 

Jeunesse mal informée

Les jeunes connaissent mal les risques du VIH.
Les jeunes connaissent mal les risques du VIH ; il s’agit pourtant d’un public à risque (@Pexels)

Les jeunes connaissent assez mal ces informations, pourtant public pourtant à risque.  Ceux-ci n’ont pas connu la crise du sida des années 1980. La prévention durant l’adolescence, période de découverte sexuelle notamment, est jugée insuffisante par Florence Nicolai-Guerbe. “Les jeunes n’ont plus peur du sida, et ont parfois des comportements à risque. Les traitements sont méconnus”. Une attitude causée par le recul de la parole autour du sida dans le cercle scolaire, médiatique et familial. “On ne parle plus assez du vih et du sida en dehors des périodes de grande campagne, comme la journée mondiale du sida le 1er décembre par exemple”. De plus, la norme préventive a grandement évolué : “Avant comme prévention on ne parlait que du préservatif. S’il reste le socle de cette prévention, il existe désormais d’autres choses comme la PrEP, que la plupart des jeunes ignorent malheureusement”.

La PrEP, Prophylaxie Pré-Exposition, est “une stratégie de prévention du VIH. Elle consiste à prendre un médicament antirétroviral de manière continue ou discontinue pour éviter d’être contaminé-e par le VIH.” (définition de sida info service). Depuis le 15 avril dernier, tout médecin peut désormais prescrire et renouveler cette ordonnance. Avant, elle était disponible uniquement à l’hôpital ou au CeGIDD. Ces avancées ont pour but de rendre plus accessible la protection face au VIH, notamment celle du public cible (personnes homosexuelles, transexuelles, nées à l’étranger). De ce fait, lorsqu’on est décelé positif très tôt après avoir été contaminé, un autre problème se pose.

« On demande au début la prise immédiate du traitement, qui a parfois quelques effets secondaires légers. Or, certains nouveaux séropositifs se demandent pourquoi prendre des médicaments contraignants alors qu’ils ne ressentent encore aucun effet lié au développement de la maladie.« 

Friederike Spernol

Travail compliqué pour les associations

Les structures d’aide et d’accueil aux personnes séropositives ont dû également faire face à quelques difficultés. Ces centres gratuits ont fait face comme tous les autres secteurs à la nécessité d’adapter leurs actions à cause de la distance sociale. Un frein à l’objectif zéro sida d’ici 2030. Les personnes de ces structures se rendaient ainsi au contact des personnes séropositives afin de leur apporter des masques notamment. Une autre crainte persistait. “Notre public cible avait une forte inquiétude des impacts du coronavirus par rapport à leur séropositivité pendant le premier confinement. Maintenant, avec plus d’informations qu’à l’époque, ils ont dans l’ensemble moins peur.”, déclare Marjorie Mailland.

Friederike Spernol remarque un mécanisme assez similaire sur les personnes contaminées qui ont connu la crise du sida en 1980. “Elles revivent le même schéma qu’à l’époque de leur contamination. C’est la même arrivée d’un nouveau virus, d’une épidémie, effrayant et surprenant. A son arrivée en France on ne sait pas comment l’endiguer, la traiter ou la prévenir. Cela rejoue le même traumatisme de l’incertitude de la part du corps médical”. L’accompagnement des personnes seules et des familles a cependant largement permis de rassurer et de se faire sentir en sécurité ces personnes. En revanche, les ateliers de groupe comme les discussions à thèmes ou les ateliers créatifs ont été limités. La société rejette pourtant souvent les séropositifs, spécialement ceux en situation de précarité. 

La sérophobie, toujours d’actualité

De plus, il existe aujourd’hui toujours un fort rejet des séropositifs, dans le milieu professionnel, personnel ou médical. Ceci est notamment dû au manque de prévention à grande échelle à ce sujet. C’est notamment pour limiter ces difficultés au maximum que sont disponibles à Sol en Si une psychologue, ainsi qu’une assistante sociale. Cette structure dispose également d’une crèche pour les familles avec au moins une personne séropositive. Elle tente cependant de mélanger les enfants avec les autres du quartier, afin de limiter l’exclusion sociale.

Le contact est déjà compliqué pour eux : le port du masque du personnel ne rassure pas un bambin et perturbe son apprentissage de la parole. Tout comme les personnes intervenant auprès du public cible, les séropositifs sont d’ailleurs les plus exposés à la pandémie de covid-19. Faire face à deux épidémies à la fois est une épreuve pour cette catégorie de personnes ; encore une fois, ce sont les plus précaires qui en paient le prix.

Par Maelle Faysse De Mulder.

Consultez nos autres articles de société.

[/et_pb_text][/et_pb_column] [/et_pb_row] [/et_pb_section]

Le Supercross français en péril

Sx tour - supercross - La Tremblade

Populaire dans les années 90 à 2000, le supercross faiblit année après année. Manque de partenaires financiers et de médiatisation, la crise sanitaire est venue elle aussi toucher la discipline. Jean-Luc Fouchet, organisateur du championnat de France Sx Tour s’exprime à ce sujet

« Avant de parler du covid, c’est une réalité, mais le supercross c’était déjà un milieu fragile». 32 ans d’existence et le supercross souffre d’année en année. Jean-Luc Fouchet, organisateur du championnat de France Sx tour constate une dégradation générale de cette discipline, pourtant tant convoitée il y a vingt ans. « On tombe aussi dans une période où les organisateurs ne sont plus ceux d’il y a vingt ans, ils sont frileux », témoigne le président de JLFO. 


Très populaire et apprécié pendant des années, ce sport fait aujourd’hui polémique dans un monde où la place de l’environnement évolue. « On est malheureusement plus à la mode, on fait du bruit, on fait de la poussière, on n’est pas dans la bonne mouvance, on a tout faux », assure lui-même Jean-Luc Fouchet. 

La préoccupation écologique mène les partenaires, qui seraient prêts à aider, à ne plus le faire. L’image dégagée par la discipline n’est « pas extraordinaire ».
« Il ne faut pas avoir peur de le dire », poursuit avec désolation l’organisateur du championnat.
« On était déjà touché par rapport à ces faits-là mais avec le covid par par-dessus le supercross se meurt », confirme-t-il.

Un manque d’aide financière et de médiatisation

« Ce qui faisait son succès à l’époque, c’est que l’on en parlait ». A ses débuts et pendant une dizaine d’années, ce type de sport extrême était davantage médiatisé.
« Il a plus d’une vingtaine d’années, on avait entre six à huit chaînes maximum. Aujourd’hui on en a plus de deux cents et on n’arrive pas à sortir un produit », s’agace l’homme.
« Dans les années de Mickael Pichon, on arrivait à être sur Stade 2 presque tous les dimanche soir à 20 heures », fait savoir l’organisateur.

Aujourd’hui très peu voir aucune chaîne ne veut prendre un sport comme celui-ci. « Même si vous produisez les images, personne n’en veut. Ils vont prendre un événement comme le supercross de Paris, car c’est Paris ». Trop coûteux et plus assez populaire, le supercross s’effondre petit à petit. 
De plus, les aides ne sont plus les mêmes. « Par le passé on avait de gros partenaires, c’était un matelas financier sur lequel on pouvait se reposer ».
Les organisateurs savaient à l’avance, huit mois, un an avant que chaque épreuve soit réalisable.

Pendant ces « belles époques » d’importants partenaires extra-sportifs soutiennent le championnat. « Ces gros sponsors que l’on avait, c’était Chesterfield, Oxbow, Camel, Phillips ou encore Dunlop », raconte avec nostalgie J-L Fouchet.  « Aujourd’hui tout le monde mange dans la même gamelle. 
Par exemple, le sponsor Bihr, il nous aide nous, mais ils aident aussi plus de la moitié des pilotes du SX Tour. On a plus de partenaires extra-sportifs et c’est ce qui nous manque le plus ».

SX - Supercross - 1992 - Frédéric Vialle
Frédéric Vialle en direct au micro du TF1 au supercross du Parc des Princes, 1992. © Mireille Aliaga

« Le covid a fini de nous assommer »

La pente est difficile à remonter après une saison complète à blanc. L’an dernier huit épreuves étaient aux calendriers, mais ont finalement été annulées à cause de la crise sanitaire. L’équipe du SX Tour ainsi que les pilotes ont véritablement subi financièrement la situation.
Même si les investissements sont déjà fait, il y a toujours des loyers à payer. Notamment ceux des bâtiments pour stocker le matériel et l’essence des véhicules.
« On a entre 18 et 20 000 euros de frais tous les mois et cet argent il faut le trouver chaque mois et on ne le trouve pas », confie le gérant de l’organisation avant d’ajouter « le covid a fini de nous assommer ».  

Location des salles, électricité, montage et démontage des structures, gradin, ça coûte cher. C’est ce que confirme Jean-Luc Fouchet : « C’est un sport qui coûte extrêmement cher », explique Jean-Luc. « Notamment  l’hiver en Indoor où il a beaucoup plus d’investissement », détaille l’homme.. Le supercross de Genève et celui d’Amnéville, sont deux événements complètement différents. Genève étant le second supercross le plus grand d’Europe demande un financement plus important.

« A Genève il faut monter et démonter les tribunes donc cela à un coût beaucoup plus important », explique-t-il avant d’ajouter, « Amnéville c’est la plus petite salle et l’événement le moins coûteux, soit 180 000 euros, ce qui est raisonnable » assure l’organisateur. Mais pour faire la balance entre la colonne dépense et recette, les promoteurs doivent aussi vendre des billets. Car ce qui fait tenir encore ce sport aujourd’hui c’est le public. Néanmoins, cela risque d’être plus difficile pour les années à venir.

Cliquez et participez à notre Supercross Tour Quiz : https://view.genial.ly/60a8cadd2b5a630d5396a0db/interactive-content-quiz-supercross

Un championnat 2021 très limité

affiche officielle du Championnat de France 2021. ©Sx Tour

Jauge de public limité, primes des pilotes réduites, quatre courses au lieu de huit, le Sx Tour reprendra néanmoins en août prochain à Agen. Un soulagement pour les pilotes et les organisateurs laissés dans le flou, après, près de deux ans sans compétitions.

Après, près de deux ans sans épreuves de supercross, le championnat reprend le 21 août prochain à Agen dans le Lot-et-Garonne. Une nouvelle encourageante certes, mais un championnat qui sera très limité financièrement ainsi que pour le nombre de spectateurs. Une jauge limitée sera définie pour chacune des épreuves en fonction de la superficie du lieu.

Cette année c’est Jean-Luc Fouchet qui a  décidé de reprendre l’épreuve à Agen. « Je fais ça pour le championnat, car on doit sortir pour les pilotes au moins trois résultats cet été. Mais je le reprends avec une jauge de spectateurs à 2 500 », explique JLF. « Cela veut dire qu’il n’y aura pas de freestyle, pas de feu d’artifices, il y aura que du sportif.

Je ne sais même pas si je serai capable de mettre une douche pour les pilotes. On va être serré, serré, serré »

Jean-Luc Fouchet


Retrouvez les quatre lieux où se déroulera le Championnat de France Sx Tour 2021 : https://www.google.com/maps/d/edit?mid=1Ieg__a-Q-ka0qHvDK_9P6CJyaZaFmFWr&usp=sharing

L’organisateur reste néanmoins positif et confiant pour cette saison. Malgré les huit événements déprogrammés l’année dernière à cause du virus, seules quatre épreuves sont au calendrier cette saison. « Cette année, on a bon espoir, on a bon espoir. », répète Jean-Luc Fouchet. Un championnat que souhaite maintenir à tout prix les organisateurs :  « On va tout faire pour en tout cas. On va essayer de sortir un résultat à Agen, deux à Brienon. On fait déjà l’été et on verra pour le reste ».
Après Agen, les pilotes s’affrontent à Brienon, Paris et enfin Lyon.

Pour cette saison quelque peu particulière, les riders auront deux jours de compétitions par épreuve. A noter que cette année, le palais des sports de Lyon est réquisitionné comme centre de vaccination, l’épreuve se déplace à Eurexpo.

« Une nouvelle qui fait du bien pour nous les organisateurs comme pour les pilotes, qui sont tous dans une attente insoutenable depuis près de deux ans maintenant »

Jean-Luc fouchet

Adrien Escoffier : « C’est le vide depuis fin 2019, j’en ai marre d’attendre »

Restaurateurs, artistes ou encore sportifs, la crise du coronavirus a mis beaucoup de métiers en suspens depuis deux ans. Adrien Escoffier, pilote professionnel de motocross, n’a plus de travail et a aujourd’hui un avenir professionnel incertain. Une situation financièrement et mentalement difficile pour le jeune cross-man de 26 ans.

Connu des paddocks, Adrien Escoffier, pilote de motocross au sein du team Honda SR, est aujourd’hui sans activité professionnelle depuis plus d’un an et demi. Une situation critique pour le jeune aixois de 26 ans. Cela fait bientôt vingt mois, qu’il est sans revenu, car toutes ses compétitions sont annulées à cause de la crise sanitaire actuelle. Tout avait bien commencé, champion de France de supercross en 2018 et troisième en 2019, Adrien Escoffier fait partie d’une tranche de pilotes, qui vivent de ce sport et qui aujourd’hui sont laissés dans le flou. 


« C’est le vide depuis fin 2019, j’en ai marre d’attendre », confie le cross-man. « Je ne sais pas si le mot est assez fort, mais je suis dégoutté », poursuit perdu, Escoffier.
Dans l’attente et sans savoir où il va, Adrien Escoffier continue néanmoins de s’entraîner dans l’espoir que les prochaines compétitions en dates soient maintenues. 
«Je m’entraîne, mais mentalement ce n’est pas la même que d’habitude, je vais rouler s’en avoir d’objectifs précis, c’est bidon comme vie, comme situation et surtout comme état d’esprit».  Après une année à blanc pour le poulain du team SR et si la situation n’évolue pas, il ne restera pas à attendre et sera obligé de revoir ses plans professionnels.



Une minute d’entraînement avec Adrien Escoffier au motocross de Sommière. © Marie Lozzi

 « j’attends, en espérant voir le bout du tunnel »

Toujours en attente de réponses concrètes, d’un certain feu vert. « Aujourd’hui j’ai le cul entre deux chaises, car je ne sais pas si les compétitions vont reprendre et être maintenue donc je ne peux pas faire un réel changement de direction », explique-t-il. « Je ne peux pas m’engager avec un employeur ou dans quelque chose de sérieux», poursuit Adrien Escoffier.  Actuellement, entre deux interrogations : celle de mettre son métier de sportif de côté et celle de rester dans l’incertitude et l’attente et effectuer des petits jobs à droite à gauche en espérant que les prochaines échéances soient maintenues. 

« J’attends, en espérant voir le bout du tunnel  », voilà ce que répète sans cesse le sportif abattu. Mais en vue de la complexité de la situation sanitaire et l’organisation des compétitions, la saison du pilote semble encore incertaine. Cette année seulement quatre courses sont affichées au calendrier sportif. Et si celles de cet été sont annulées  il n’y en aura probablement pas cet hiver non plus, car ce seront des épreuves indoor. « Je reste quand même positif pour cette saison et si cela ne le fait pas j’irai travailler », songe-t-il très sérieusement. Une envisageable reconversion qui reste néanmoins compliquée pour un homme de 26 ans qui n’a jamais jamais connu le monde du travail.

« Aujourd’hui j’ai le cul entre deux chaises, car je ne sais pas si les compétitions vont reprendre et être maintenue donc je ne peux pas faire un réel changement de direction »

Adrien Escoffier

Zéro course, zéro rentrée d’argent

« J’ai mis ma vie de côté pour faire de la moto ». Aidait et poussait par son père financièrement depuis l’âge de ses neuf ans,  Adrien Escoffier a également connu une passé de pilote professionnel chez Kawasaki usine, avec un salaire fixe.Aujourd’hui c’est financièrement plus dur, car «  je suis peut-être pilote professionnel, mais je suis payé à la prime, donc s’il y a  zéro course, il y a zéro rentrée d’argent », explique le pilote Honda. Étant auto-entrepreneur, le jeune homme de 26 ans n’a pas le droit au chômage. « Heureusement que j’ai un peu d’argent de côté, je pioche dedans, mais ça part plus vite que ce que ça rentre», poursuit Adrien avec un  rire légèrement crispé.


C’est dans cette tranche d’âge, 25 et 30 ans, que ces sportifs sont au plus haut de leur carrière et là où ils gagnent le plus d’argent. Mais la crise en a décidé autrement pour le futur du pilote.  « Je comptais partir de chez mon père, car jusqu’à présent, et on le sait une carrière sportive c’est court, donc le but était de mettre de l’argent de côté », révèle t-il avec déception. « Ça repousse tout objectif, tes projets et tes ambitions. A la limite lorsqu’on le sent arriver tu prévois, mais quand du jour au lendemain ça s’arrête, c’est compliqué. Je ne sais pas trop quoi faire », conclut Adrien Escoffier.