Scolarité inclusive: quelles aides pour les élèves atteins de handicap dans l’enseignement?

Plus de 37 000 étudiants sont en situation d’handicap. Depuis 2019, le gouvernement a mis en place la loi de l’école inclusive.

AESH avec un élève en situation d’handicap

Le gouvernement français d’Emmanuel Macron a inscrit dans ses priorités l’inclusion dans le cadre scolaire et l’aide aux personnes en situation de handicap. Depuis le 17 Juillet 2019, et la loi installée par Jean-Michel Blanquer et Sophie Cluzel, un Comité national de suivi de l’école inclusive a été créé. Ce comité a pour objectif de suivre le déploiement de l’école inclusive et de surveiller les réussites ou difficultés que peuvent rencontrer des élèves. En 2019, 1,69% des étudiants dans l’enseignement supérieur étaient en situation d’handicap ce qui correspond à 37 502 élèves.

Dès le début de leurs études, les élèves en situation d’handicap sont accompagnés par des AESH (Accompagnant des Elèves en Situation d’Handicap). Des classes spécialisées sont mises en place en primaire pour aider au développement des jeunes qui ne peuvent pas suivre les cours avec les autres. Les autres sont accompagnés durant leur scolarité au travers d’AESH donc mais aussi lors d’aides aux devoirs le soir. Durant la primaire et le collège ces accompagnements sont quasiment systématique, la différence étant que les élèves qui réussissent à passer au-dessus de leur handicap rejoindront petit à petit les classes standards. De plus au fur et à mesure du temps les aides seront moins fortes. « Pour la plupart des élèves ce ne sont pas des handicaps qui se soignent, explique Véronique Ratinet, infirmière scolaire au lycée La Ricarde, l’idée c’est donc d’aider ces étudiants à développer une autonomie en vue de leur avenir. »

Des aménagements adaptés à chacun

Aujourd’hui les enfants en difficulté disposent de nombreuses aides pour pouvoir suivre des cours avec tout les autres. Marius est en terminal au lycée professionnel agricole La Ricarde à L’Isle-Sur-La-Sorgue et est dyslexique et a le droit d’être suivi par un AESH. « Sandra m’accompagne durant certains cours, ou je suis plus en difficulté, explique-t-il, elle m’aide à travailler en prenant les cours pour moi, pour que je puisse me concentrer à écouter, m’explique les exercices que je ne comprends pas, et prend du temps en dehors des cours pour de l’aide aux devoirs. » Plusieurs élèves plus en difficultés bénéficient d’accompagnements spécialisés, comme des taxis qui s’occupent de les accompagner d’eux jusqu’aux lieux de cours, la possibilité d’avoir du matériel spécialisé comme des ordinateurs ou des scanners, ou un suivi plus précis avec des rendez-vous plus fréquent avec l’infirmière scolaire par exemple. Durant les examens certains peuvent également bénéficier de tiers-temps par exemple.

Mais si Marius est accompagné, ce n’est pas le cas de toutes les étudiantes et tous les étudiants. Pour pouvoir bénéficier d’aide dans les lycées, il faut le demander. Or, beaucoup de familles ne le font pas et ne bénéficient donc pas de ces aides. « L’école peut déclencher un processus pour proposer à certains de monter un dossier, explique Sandrine Lafon la CPE au lycée la Ricarde, mais les parents ne sont pas obligés de le faire, certains refusent d’admettre que leur enfant en a besoin, tandis que d’autres ne veulent pas faire de différences entre lui et un autre élève. »

Un avenir flou pour ces élèves

Malgré tout aujourd’hui le futur de ces jeunes est souvent flou. D’abord car ils ont pour beaucoup de difficultés à s’intégrer dans leurs stages. « Aujourd’hui rien n’est fait pour aider les jeunes à trouver des stages particuliers, développe Sandrine, de plus on ne peut pas prévenir les maîtres de stage de la situation des élèves qu’on leur envois, ça peut donc amener à de mauvaises surprises. » En plus de ça, pour les étudiants qui continuent leurs études, si des accompagnements spécialisés sont prévus pour les aider, peut d’entre eux les acceptent car ils ont une volonté de s’intégrer, de ne pas paraître différents. Le soucis étant que beaucoup d’entre eux se retrouvent en échec scolaire à la suite du lycée en raison de ce manque d’accompagnement.

Sandrine Lafon CPE à La Ricarde explique les aménagements pour les jeunes en situation d’handicap dans son lycée

Un système qui ne plaît pas à tout le monde

Pourtant aujourd’hui l’école inclusive ne fait pas l’unanimité. Certains professeurs se plaignent du manque de moyen pour accompagner les jeunes. « Quoi qu’on en dise, ces jeunes sont à part, et pour les accompagner, cela demande beaucoup de temps, alarme Éric, professeur au lycée La Ricarde, du temps qu’on ne consacre donc pas aux autres élèves. »

Et effectivement la situation peut alarmer quand on sait que les professeurs n’ont quasiment aucune formation pour accompagner ces jeunes, alors même que le lycée La Ricarde compte 10% d’élèves en situation d’handicap: « Du fait qu’on a peu de formations, on peut prendre les mauvaises décisions ou perdre patience lors des cours, explique Géraldine, une collègue d’Eric, et parfois ça peut amener à des situations ou un professeur est dépasser par les évènements. »

La difficulté d’aider ses élèves se pose encore plus alors que le lycée est un lycée professionnel et demande donc l’apprentissage d’outils qui peuvent s’avérer dangereux. « Pour ma part, je fais beaucoup de cours pratiques, continue Éric, et durant ces cours j’apprends à mes élèves à utiliser des machines comme des tronçonneuses. Or, lorsque certains ne sont pas accompagnés, c’est très compliqué de les faire manipuler parce qu’ils peuvent sans s’en rendre compte se mettre ou mettre les autres en situation de danger. »

3 questions à Véronique Ratinet, infirmière scolaire

Véronique est infirmière au lycée professionnel La Ricarde, et est au contact d’élèves en situation d’handicap.

Quel est le rôle d’une infirmière scolaire auprès des élèves en situation d’handicap?

Premièrement c’est moi qui m’occupe des dossiers. Je sais exactement ce dont ont besoin les élèves, notamment au niveau du matériel dont ils ont besoin. Une fois par an aussi, il y a une réunion avec les parents, le professeur principal, le CPE et moi-même pour définir tout les besoins de l’élèves. Mais le rôle principal de l’infirmière c’est de dédramatiser une situation. Dans le lycée, on a 10% des élèves en situation d’handicap, et beaucoup ont des problèmes mentaux, et lorsqu’il peut y avoir un différent avec un professeur, c’est à moi de les prendre en charge pour tempérer les choses.

Quels sont les jeunes qui bénéficient d’un accompagnement spécialisé?

Il y a des médecins qui travaillent pour la MDPH (Maison Départementale des Personnes Handicapées) et qui actent le fait que la personne ait un handicap. A partir de là on met en application ce que la MDPH nous dit. C’est un dossier qui se monte et cet handicap est souvent bien accompagné par les parents. Ensuite il y a des handicaps qui sont avérés par des tests de psychomoteur, par exemple. Ceux-là ne sont pas reconnus par la MDPH car on considère que l’handicap n’est pas suffisamment important ou parce que les parents ne veulent pas reconnaître l’handicap.

Après le lycée, si un élève n’est pas complètement autonome, quels sont les aides?

Au niveau du collège, pour nous tout s’arrête parce qu’on ne continue pas à accompagner nos élèves en dehors du lycée. Malgré tout la MDPH peut décider de continuer à leur donner des aides. Ces aménagements permettent si les parents le souhaitent à l’élève de bénéficier d’accompagnement après le lycée durant ses études supérieures. Malgré tout on remarque aujourd’hui que peut d’étudiants prennent cette option car cela demande beaucoup de temps et beaucoup veulent être plus autonome.

Loris Castaing