OM : Jorge Sampaoli, l’approche du football d’un homme controversé

Jorge Sampaoli a été officiellement présenté il y a quelques mois comme le nouvel entraîneur de l’Olympique de Marseille ! Connu pour être un disciple de Marcelo Bielsa ou encore de Pep Guardiola, l’Argentin est très attendu à l’OM. Tour d’horizon sur ses succès au Chili en passant par Séville et un passage moins glorieux avec la sélection de l’Argentine. 

Comme annoncé par L’Equipe, Jorge Sampaoli a mis en place un 5-3-2 pour sa première sur le banc marseillais face à Rennes mercredi. Après ses observations, le technicien argentin a cependant déclaré en conférence de presse que son schéma de jeu sera lié aux adversaires. L’objectif étant de s’adapter à chaque joueur selon leurs caractéristiques. Retour sur la carrière d’un entraîneur connu pour son caractère et son physique hors du commun. Ici nous allons analyser la carrière de l’entraîneur argentin, ses nombreuses tactiques avec ses différentes équipes ainsi que ses matchs références.

Ses débuts au Chili, et un premier titre pour la sélection chilienne

1m67, 60 ans, Argentin, Jorge Sampaoli a dû batailler toute sa vie pour atteindre son rêve de devenir entraîneur. Et même après l’avoir réalisé, Sampa’ continue de se battre face à ses détracteurs. Avant de rejoindre l’Europe, l’ancien banquier a dû se faire un nom en Amérique du Sud. L’Argentin commence sa carrière professionnelle au Pérou en 2002 lorsqu’il obtient un poste à Juan Aurich. Enchaînant les clubs, il n’a pas connu de réel succès en 5 ans de carrière au Pérou. Ensuite viendront les années chiliennes où il connaîtra un réel succès à l’Universidad de Chili. En un an, l’Argentin réalise un bon bilan de 78 victoires, 28 nuls et 18 défaites à la tête du club et remporte 5 titres en un an et demi dont la Copa Sudamericana. Il donna alors le premier titre continental du club chilien et le quitta en héros. Dans cette compétition, il ne perd aucun match et inscrit 12 buts pour seulement 2 encaissés.

S’inspirant de Menotti, mais se rapprochant plus du style Bielsa, Jorge Sampaoli s’est donc vu lui ouvrir les portes de la sélection du Chili (2012-2016). Il qualifie la nation pour la Coupe du Monde en 2014 et remporte la Copa America un an plus tard. Lors de la Coupe du Monde, le Chili a fait très bonne impression. En éliminant l’Espagne championne du monde en titre, l’équipe se qualifie en 1⁄8 face au Brésil mais finit par être éliminé après la séance de tirs au but. Lors de cette Coupe du Monde, le Chili hérite du groupe de la mort avec les Pays-Bas, l’Australie et donc l’Espagne. Le match face à L’Espagne sera celui qui aura marqué le parcours du tacticien argentin dans cette compétition. Il présente son équipe en 3-5-2 avec des joueurs qu’il a connu sous ses ordres à l’Universidad de Chile tels que Charles Aranguiz, Eduardo Vargas, Marcelo Diaz ou encore Eugenio Mena. Dans l’idée, l’ancien coach de l’Universidad de Chili utilise un système à trois défenseurs (Medel, Silva, Jara) ajouté à cela un milieu défensif (Marcelo Diaz) et 6 joueurs à vocation offensive (Mena, Isla, Aranguiz, Vidal, Sanchez et Vargas). Le Chili réussit à éliminer l’Espagne avec seulement 37% de possession. Lors de cette rencontre, il savait qu’il ne pouvait pas avoir le contrôle du ballon et a donc décidé de le laisser à l’Espagne et de procéder en contre. Ils inscrivent ce premier but d’Eduardo Vargas grâce au pressing permettant d’intercepter un ballon perdu dans le camp des Espagnols. Même si les équipes de Jorge Sampaoli ont un pourcentage de possession élevé, l’Argentin sait s’adapter à son adversaire. En résumé cette phrase :

Un soir, je suis allé dans un bar, j’étais avec une femme. Nous avons parlé toute la nuit. Nous avons ri, nous avons flirté, j’ai payé plusieurs verres du sien. Vers 5 heures du matin, un gars est entré, l’a attrapée par le bras et l’a emmenée dans la salle de bain. Il lui a fait l’amour et elle est partie avec lui. Cela n’a pas d’importance, car j’avais la plupart de la possession ce soir-là. »

Jorge Sampaoli – Source : Oh my goal (22/07/2016)

Ce 3-5-2 a permis au Chili d’appuyer sur les faiblesses de l’Espagne. Le pressing en un-contre-un face aux défenseurs et milieux espagnols. Sanchez et Vargas s’occupent de Ramos et Martinez et Vidal-Aranguiz chargeant Busquets-Alonso. La défense à 5 avec les latéraux chiliens permettent de bloquer la profondeur et après l’ouverture du score les deux attaquants chiliens coulissent sur les côtés et forment un losange avec Vidal en faux 9 laissant Aranguiz refermer le losange afin d’encercler la paire Alonso-Busquets. L’année d’après, après trois ans de construction de Jorge Sampaoli, le Chili remporte la Copa América de 2015. Une attente de 99 ans pour un trophée a pris fin. Une victoire après la séance de tirs au but face à son pays l’Argentine qui plus est jouée au stade de l’ancien club du coach argentin, Universidad de Chile. Cette finale face à l’Albiceleste est également une carte de visite pour Sampaoli. Le Chili déploie un pressing qui étouffe son adversaire et ne lui laisse à aucun moment la possibilité de contrôler la rencontre. En seconde période, le pressing chilien ne laisse pas l’Argentine enchaîner plus de 3 passes sans que les joueurs chiliens récupèrent le ballon. Cette finale a vu le Chili battre des records dans la compétition au niveau du nombre de tacles, d’interceptions et de fautes. Au fil des matchs et surtout entre la phase de poules et la phase finale, le Chili s’est vu monter en intensité et hauteur de pressing.

L’arrivée en Europe à Séville

Après son succès avec le Chili, Jorge Sampaoli rejoint l’Europe et le FC Séville. A son arrivée à Séville malgré qu’il soit resté seulement un an (avant que l’Argentine fasse appel à lui) il récupère une équipe 7e au classement de Liga qu’il remonte à la 4e place avec 72 points. Une 4e place plus jamais obtenue avant l’arrivée de Julen Lopetegui lors de la saison 2019-2020 (4e 70 points). Il intronise le fameux Juanma Lilo en tant qu’adjoint.

Je me suis rapproché de personnes qui réussissent à avoir autant la possession comme le Barcelone de Guardiola qui non seulement attaquait mais aussi privait son adversaire de ballon. L’idée était également de commencer à grandir comme entraîneur sur d’autre voie, de ne pas être frénétique tout le temps, parce que si on doit se projeter rapidement sur le but adverse, il faut aussi se replier rapidement, alors on a commencé à faire un mélange. On a commencé à le faire à la fin avec le Chili. L’arrivée de Juanma allait dans ce sens, parce qu’il connaît parfaitement ce qu’on voulait aspirer à faire. On s’est rapproché, on l’a fait venir avec la sélection chilienne avant de le convaincre de nous accompagner ici et j’en suis heureux »

Jorge Sampaoli – Source : Bein Sports (9/02/2017)

Jorge Sampaoli est arrivé à Séville en retouchant l’effectif comme bon lui semblait. Monchi a mis tout en œuvre afin d’attirer le type exact de joueurs que l’Argentin voulait. Contrairement à Emery qui privilégie les joueurs puissants et rapides, l’ancien sélectionneur du Chili voulait des techniciens. La plus grosse signature de son mercato était Franco Vazquez, arrivé Palerme pour environ 15 millions d’euros. Après le départ d’Ever Banega, son style de jeu élégant, son sens du but et sa créativité devraient combler le vide laissé par le joueur. Mercado est la seule recrue défensive de Jorge Sampaoli. Il a fait de Steven Nzonzi la plaque tournante au milieu de terrain du FC Séville. Le milieu de terrain est exactement le profil type de joueur apprécié par l’entraîneur argentin. Physique, dominant et habile, le Français devait protéger ses deux défenseurs centraux et a pour objectif d’équilibrer le jeu. “J’ai toujours essayé de développer un jeu qui a de la personnalité, basé sur la possession, la volonté d’attaquer. L’idée était de marquer les esprits”, disait Sampaoli.

Le premier match du technicien argentin face à l’Espanyol Barcelone marque son passage. Une victoire 6-4 où la consigne de l’entraîneur était claire, attaquer seulement. Sans ballon, l’équipe de Jorge Sampaoli ne cesse de presser son adversaire. Les deux attaquants axiaux harcèlent les défenseurs centraux le plus haut possible sur le terrain. Chaque milieu est au marquage individuel, comme le faisait la sélection chilienne. Les latéraux sont très importants pour l’Argentin. Avec Escudero et Mariano, le coach avait à sa disposition des joueurs capables de se placer très haut sur le terrain, et de suppléer le fait qu’un attaquant de côté entre plus dans l’axe. Les latéraux avaient même pour consigne de charger le défenseur latéral adverse dans le cas précis d’un jeu direct du gardien adverse vers celui-ci. Le pressing des attaquants axiaux sur les défenseurs pousse le milieu défensif à décrocher. Comme face au Barça, où le décrochage de Sergio Busquets suite au pressing des Sévillans mène à ce que les milieux du Barça se retrouvent dos au jeu, et soient pris au piège entre les lignes adverses. La victoire de Séville face au Real Madrid (2-1) est également une carte de visite pour Sampaoli avec le club andalou. En deux semaines, Séville avait rencontré trois fois le Real Madrid dont deux rencontres en Copa del Rey.

Au match aller le Real de Zidane s’imposait 3-0 au Santiago Bernabeu, et au match retour le Real avait remonté deux buts après avoir été mené 3-1 face à Séville. Pour ce troisième match, Séville parvient à mettre fin à une série de 40 matchs sans défaite pour le Real Madrid. Au-delà de la victoire, les joueurs de Sampa’ entraient sur le terrain avec un esprit de vengeance et avec la volonté de rester dans le Top 4 en Liga. L’équipe de Sampaoli se présente en 4-2 3-1 avec Rico – Escudero, Rami, Pareja, Mariano -N’zonzi, Iborra, Vitolo, Nasri, Vazquez – Ben Yedder. Si Sampoli offre une liberté de position à Nasri tout au long de la rencontre, il continue de le faire face au Real Madrid. Le Français fait partie d’un quatuor avec N’Zonzi, Vitolo et Escudero où lors de cette rencontre, Séville s’est beaucoup appuyé sur les ailes et les demi-espaces avec ces joueurs. Le FC Séville a opéré avec un contre-pressing, où Steven Nzonzi s’est vu confier la tâche du maître à jouer dans celui-ci. L’actuel joueur du Stade Rennais a joué un rôle essentiel dans les contre-attaques du Real. Les joueurs de Séville se plaçaient en un 2-4-4 avec un bon équilibre, des joueurs bien espacés sur le terrain, ce qui permettait d’appliquer ce pressing. Séville a terminé la saison à la quatrième place et une élimination décevante en 8es de finale de la Ligue des Champions. Un sentiment d’inachevé lorsque la sélection de l’Argentine fait appel à lui. “Je ne suis pas un mercenaire, c’est mon pays qui m’appelle”.

L’échec argentin

Le parcours en Coupe du Monde 2018 avec l’Argentine aura laissé un goût amer dans le pays. Jorge Sampaoli a toujours eu une relation très compliquée avec son pays et cette compétition n’a vraiment pas arrangé les choses. 3 ans après, l’ancien coach de l’Argentine est décrit comme “le pire sélectionneur de l’histoire de l’Albiceleste”. La fédération avait offert 1,5 millions d’euros au FC Séville pour libérer Sampaoli de sa dernière année de contrat. L’effectif argentin n’a jamais véritablement été marqué de la patte Sampaoli. Si les cadres de l’équipe ont énormément joué dans les décisions de Sampa’, ce dernier n’a véritablement pas fait ce qu’il voulait en termes de sélection de joueur. Le tacticien argentin termine la Coupe du Monde 2018 seul où il a été complètement lâché par son équipe, la presse et le public. Plus aucun soutien envers le coach argentin qui a été contraint de composer sa dernière composition face à la France sans aucune aide extérieure.

Sampaoli est même arrivé à un point où il ne saluait plus les joueurs comme l’a témoigné Paulo Dybala : “ Il ne me saluait pas, ne me demandait pas comment ça allait, ni comment je me sentais. C’est la première fois que ça m’arrivait dans ma carrière.” Très critiqué par les journalistes et observateurs du football français depuis la première rumeur de l’Argentin à l’OM, on peut constater que le passage de « Sampa » avec la sélection de l’Argentine est son seul et unique véritable échec. l’ancien sélectionneur de l’Argentine devrait poser clairement sa patte à l’Olympique de Marseille, alors que Pablo Longoria prépare déjà de nombreux changements au sein de l’effectif marseillais, l’arrivée de Sampaoli devrait accentuer ses changements. La fin de saison devrait permettre de transition à l’ancien entraîneur de Séville afin de bien préparer la saison prochaine…

Les supporters jugent Sampaoli