Marseille et sa musique représentent une véritable histoire d’amour. Depuis des décennies, la ville a vibré grâce au jazz, rock, pop et le hip pop. Retour sur trois styles musicaux qui ont influencé plusieurs générations.
Le jazz et Marseille, une forte relation
Né aux Etats-Unis au sein des communautés afro-américaines, le jazz est un courant musical majeur du 20e siècle. Il n’y a pas que New-York, Chicago ou la Nouvelle Orléans, Marseille aussi a son propre lien.
Aujourd’hui, le Jazz marseillais est plus que centenaire. Des musiciens venus d’Amérique à fond de cale auraient introduit le Jazz dans la cité phocéenne. C’est la grande danseuse Gaby Deslys qui lance officiellement le Jazz dans la ville en 1918.
Synonyme de révolution musicale, le jazz prend de l’ampleur à Marseille. Grâce à son port qui brasse des populations venues de tous les continents, la ville accueille cette musique mondialisée. L’improvisation, la vitalité et la créativité de l’artiste y jouent un rôle majeur. Durant la période de l’’entre-deux-guerres, le jazz conquit le cœur d’un jeune public, notamment des étudiants. La radio et le disque propagent des musiques et des interprètes qui se produisent à Marseille. C’est le début d’une passion mutuelle qui se consommera dans de nombreuses boîtes comme la Chistera, la cave à Jazz de l’AGEM, le Saint-James, le Hot Club ou encore le Pêle-mêle…
Dans les années 1950 – 1960, les styles de jazz se multiplient. De grands interprètes mondiaux et nationaux se rendent à Marseille. Parmi eux figurent Louis Armstrong (qui se produit à Marseille en 1934) – Sidney Bechet – Dizzy Gillepsie – Claude Luter – Thelonius Monk ainsi que Charlie Parker… Des interprètes issus de la Provence se multiplient et prennent parfois une dimension internationale : Marcel Zanini, marseillais d’adoption et grand clarinettiste, Pierre Barbizet qui crée la 1ère classe de Jazz de France au Conservatoire de Marseille, le médecin aixois Jean-Christian Michel, qui mêle Jazz et musique sacrée et contribue à sauver la Abbaye Saint-Victor de Marseille sur l’initiative d’une association de femmes dynamiques.
Depuis les années 1970, des passionnés tels que Roger Luccioni, Jean Pelle et Yves Sportis font vivre le Jazz à Marseille. En 1993, le Festival La Fiesta des Suds met en avant la création dans un contexte Méditerranéen. L’année 2000 marque la 1ère édition du Festival Jazz des Cinq Continents au Palais Longchamp.
Maintenant, il est l’heure de tester vos connaissances …
Le pop rock, un style musical fédérateur
Le pop rock a une histoire assez notable au sein de la ville marseillaise. La scène rock a émergé aux alentours des années 1960. Alors que les premiers artistes francophones émergent, la ville de Marseille voit son premier artiste réussir : Rocky Volcano. Il va connaître un succès retentissant mais son label Philips signe un accord Johnny Hallyday. Rocky Volcano est alors poussé vers la sortie.
Le groupe des 5 Gentlemen goûtera également au succès. Ces étudiants corses proposent leurs propres compositions. Des groupes comme Santa Maria ou Choc sont aussi des groupes qui ont marché mais que sur le court terme. Le groupe Quartiers Nord, lancé en 1977 par Robert Rossi tire leur épingle du jeu.
D’autres groupes plaisent aux Marseillais comme Wild Child. Martin Dupont, Hôtel du Nord et Leda Atomica constituent des scènes new wave (courant musical à la fin des années 1970).
Le public touché est essentiellement jeune et le son les rapprochent. Les concerts et salles n’existent pas encore mais les Marseillais se rejoignent dans les centres sociaux, des chapiteaux ou des cinémas afin d’écouter un genre musical encore nouveau.
Alors que les années passent, c’est le cours Julien qui prend la tournure du pop. Une salle municipale est dédiée en partie au rock et l’Espace Julien programme des écoutes musicales, qui a son succès. Ce n’est qu’une 1986 qu’une salle de concert est créé par la municipalité.
Quelques mètres plus loin, La Maison Hantée représente le premier café-concert rock de la ville.
Le rock prend de l’ampleur. Le cinéma de Saint-Just se transforme en Théâtre du Moulin. L’ancienne usine de tabac de la Seita est également modifiée et devient la Friche de la Belle Mai.
Le rock’n roll change la vision et donne un bon aperçu de la ville de Marseille, reconnue à l’époque comme une ville d’héroïne et de mafia. En 1978, un groupe australien Angel City compose un morceau nommé « Marseille » avec un refrain désormais iconique : « Take me away to Marseille ».
Interview avec Hélène, membre du groupe Plan B reprises Hip Hop et Rock : « Toutes les chansons transmettent de l’énergie »
- Qu’aimez-vous dans le rock ?
J’apprécie le rythme et l’énergie qu’il transmet. La puissance des textes est aussi appréciable. Certains textes sont fondamentaux. Mon guitariste aime le son transmis et se régale lorsqu’il joue.
- Quel message souhaitez-vous faire passer en reprenant le rock ?
On veut partager notre passion. C’est génial. On reprend des chansons assez connues et de voir que des gens dansent. Les messages sont le partage et la transmission. On aime tous. Au fil des années, quand on voit des gens aimer, on continue.
- Quelles musiques reprenez vous essentiellement ?
J’aime bien « Police », « Rolling Stones”. Toutes ces chansons transmettent de l’énergie et du surplus. Telephone marche super bien. On joue aussi pour des rassemblements motards et dans des concerts.
Justement, retour sur 10 chansons du rock qui ont marqué …
Le rap, un phénomène intergénérationnel
Les années 1990 marquent un tournant sur la scène musicale marseillaise. Venu des Etats-Unis, le hip-hop débarque dans la cité phocéenne et s’impose tel un phénomène intergénérationnel.
Tout prend racine en 1989 avec le collectif IAM et la sortie de leur projet Concept sous forme de mixtape qui séduit de suite le public marseillais. Le groupe connait un succès fulgurant et s’associe avec la Fonky Family sur le morceau mythique Bad Boys de Marseille, extrait du premier album solo d’Akhenaton Métèque et Mat.
C’est alors qu’émergent des talents comme le Rat Luciano et Sat. C’est avec 3e Œil, Carré Rouge et Psy 4 de la Rime que ce rap moderne du Sud de la France évolue. Des textes à la fois mélancoliques, très engagés, bourrés de rimes riches avec une touche d’humour, de jazz et de funk accentuent l’identité de ce style musical à travers ces groupes. Cette force du collectif révèle ainsi un réel esprit de fraternité et met de côté la concurrence et la rivalité, très présentes dans le hip-hop durant ces années.
Cet esprit traverse alors les générations, notamment avec la compilation 13 Organisé en octobre 2020. Un projet 100% Marseille qui rassemble une cinquantaine d’artistes de la ville autour des mêmes valeurs : la convivialité, le respect, la liberté et la solidarité… Tout ce qui fait de Marseille la capitale du Rap !
La capitale du rap, certes, mais c’est l’occasion de revenir sur l’histoire du rap en terre marseillaise …
James Mouton et Gary Cohen