Les clubs amateurs et professionnels survivront-ils à la COVID-19 ?

Le monde amateur face à la menace COVID-19

Les associations sportives et les fédérations qui les encadrent sont frappées de plein fouet par l’épidémie du coronavirus qui sévit en France depuis mars 2020.

L’épidémie du coronavirus a éloigné les amateurs des terrains, des pistes et des bassins durant de longs mois. (source AFP)

Depuis bientôt un an, le sport amateur piétine. Totalement à l’arrêt durant les deux confinements qu’a connu le pays, les associations sportives, quand elles en avaient l’autorisation et sous l’application de protocoles sanitaires toujours plus stricts, n’ont pu accueillir leurs adhérents que quelques mois depuis l’arrivée du coronavirus sur le territoire.

« Une année pleine de galères »

L’époque où les Français, quels que soit leur âge, pouvaient se rendre dans un club pour pratiquer l’activité sportive de leur choix est désormais lointaine.  « Depuis la fermeture des dojos il y a presque un an, nous ne sommes quasiment plus autorisés à pratiquer le judo. Nous n’avons même pas pu dispenser trois mois d’entraînement à nos licenciés », souligne avec insistance Jean-François Ringenbach, président du club de judo « Judokaï-Marignanais ». Les sports de combat, à l’instar du judo, du karaté, de la boxe ou encore du taekwondo… font effectivement partie des disciplines les plus pénalisées par la crise sanitaire. « Une année pleine de galères » donc, pour celui qui occupe également le poste de trésorier au sein de la Fédération Française de Judo.

Quant aux autres disciplines, autorisées à accueillir leurs adhérents, elles ont malgré tout dû se plier à la mise en place d’innombrables protocoles sanitaires afin d’assurer la santé des licenciés ainsi que celle des professionnels. C’est notamment ce qu’a fait le rugby. « Avant les entraînements qui se font sans contact et en groupe de six maximum, les jeunes se changent à l’extérieur, puisque les vestiaires sont fermés, ils doivent aussi se désinfecter les mains avec du gel hydroalcoolique et se prendre la température. Sans oublier les ballons qui sont désinfectés avant chaque entraînement », explique le président délégué de la Ligue Sud de rugby, Pierre Taindjis, sur un ton très pédagogue.

par Clément MANZI

« 25% de licenciés en moins »

Autre conséquence de la crise sanitaire, toute aussi problématique, voire même inquiétante, la diminution du nombre des licenciés dans la quasi-totalité des fédérations. « Sur le plan national, il faut s’attendre à 25% de licenciés en moins cette saison par rapport à la dernière, qui comptabilisait alors plus de 16 millions de licenciés », explique Hervé Liberman, président du comité régional olympique de la région Sud. Une dégringolade qu’il relie à « la résurgence de l’épidémie à la fin de l’été qui a sans doute découragé plus d’une famille à reprendre une licence à leur enfant. » La mise en place du second confinement fin octobre est également tombée au plus mauvais des moments. Ce dernier est venu interrompre la saison moins de deux mois après son commencement.

La baisse des licenciés est néanmoins loin d’être homogène au sein des fédérations (cf. infographie). Du côté des sports de combat, la chute est vertigineuse. « Les clubs de judo ont en moyenne perdu 30% de leurs licenciés par rapport à la saison dernière », témoigne Jean-François Ringenbach. Même constat pour les disciplines se pratiquant dans un gymnase. Fabien Jacob, directeur de la Ligue PACA de Badminton, évoque « une perte moyenne de 20% », tandis qu’Alexandre Binet, manager du club de Nice en volley-ball, parle d’une « diminution de l’ordre de 15%. » Les sports se jouant en plein air semblent quant à eux mieux s’en sortir, même si le solde des licenciés reste négatif par rapport à la saison 2019-2020, à de rares exceptions près. Le tennis, par exemple, affiche « une baisse de 4% », souligne Véronique Lopez, responsable régionale du développement au sein de la Ligue PACA de Tennis. Certaines disciplines constatent même une hausse du nombre de leurs licenciés…

« Les clubs n’ont jamais eu autant de trésorerie »

En dépit des longs mois de fermeture, des protocoles sanitaires contraignants, ou encore des licenciés qui ne sont plus vraiment au rendez-vous ; le sport amateur tient encore debout. « L’arrêt prématuré des championnats en mars, ne nous a pas été si préjudiciable que ça », constate Fabien Jacob. Celui qui est directeur de la Ligue PACA de Badminton mais également président du club de Istres s’explique. « Les frais des associations ont considérablement étaient réduits avec l’arrêt des championnats. Parce que ce qui nous coûte le plus cher c’est l’organisation des compétitions, les frais de déplacements et l’achat de nouveaux matériels. »

Et puis les clubs ont reçu de l’aide. De la part de l’État tout d’abord. « Le gouvernement a débloqué un fond d’urgence d’un montant de 15 millions d’euros à destination des clubs les plus en difficulté, et distribuera près de 20 millions aux fédérations pour compenser les pertes de licenciés », évoque Hervé Liberman, président du comité régional olympique sportif de la région Sud. Sans oublier le chômage partiel dont peuvent bénéficier tous les clubs.

Mais aussi de la part des fédérations, qui n’ont pas traîné avant de mettre en place des plans d’aide pour les clubs amateurs. « La Fédération Française de Tennis a mis en place un plan de relance d’un montant de 35 millions d’euros, dont 21 millions pour les clubs affiliés et 5 millions pour les indépendants », explique Véronique Lopez. Même chose du côté du rugby, puisque « la Fédération Française de Rugby a débloqué 35 millions d’euros pour aider le secteur amateur » dès le mois d’avril, témoigne Pierre Taindjis. Avant d’ajouter que « jusqu’à la fin de la saison 2020-2021, tous les prélèvements habituels ont été interrompus, à savoir les cotisations licences, les assurances ou encore les coûts des personnels inactifs. » L’objectif étant de faire croître au maximum la trésorerie des clubs afin d’assurer leur pérennité financière.

Sans oublier les subventions des collectivités territoriales. « Malgré la crise, notre club a perçu les mêmes subventions de la part de la région et de la ville qu’en temps normal », précise Alexandre Binet, manager du club de Nice en volley-ball.

Conséquence, « les clubs n’ont jamais eu autant de trésorerie » souligne Pierre Taindjis.

« L’avenir n’est pas encore garanti »

Même si aujourd’hui, les clubs rencontrant de grandes difficultés financières sont rares, ils existent. Au vu de l’évolution actuelle de l’épidémie, « l’avenir n’est pas encore garanti pour l’ensemble des clubs amateurs », sous-tend Hervé Liberman. Si la situation sanitaire ne venait pas à s’améliorer, dans les semaines et les mois à venir, de nombreuses associations pourraient être menacées de disparaître…

Le principal danger, qui commence à devenir de plus en plus plausible, est que la saison actuelle se transforme en « année blanche ». Un scénario qui ne serait pas rédhibitoire pour les clubs, à condition que les adhérents soient là pour la rentrée de la saison 2021 – 2022. Sauf que l’éloignement des jeunes des terrains, des pistes ou encore des salles durant quasiment deux saisons, « risque d’accroître davantage la baisse des licenciés au sein des clubs », explique Hervé Liberman, quelque peu inquiet. Or, ce dernier explique également que « le modèle économique actuel des associations sportives ne peut supporter une chute de plus de 30% des licenciés. »

D’autres comme Vincent Chaudel par exemple, économiste spécialisé dans le sport, se veulent néanmoins plus optimistes. « Une fois que la crise sanitaire sera passée, il est plus que probable que les Français vont se rediriger vers les clubs pour reprendre une licence. »

Véronique Lopez, responsable régionale du développement au sein de la Ligue PACA de Tennis, s’interroge elle aussi, sur l’avenir des clubs de tennis, même si elle se veut rassurante.

Seul l’avenir confirmera ou non les propos des uns et des autres… Mais ce qui sûr, c’est qu’au jour d’aujourd’hui, les clubs amateurs survivent au COVID-19.

Clément MANZI


L’équitation et le rugby, deux sports de plein air qui attirent

Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’équitation et le rugby sont les deux seules disciplines en France à avoir constater une augmentation de nombre de leurs licenciés.

La Fédération Française d’Équitation a en effet enregistré une hausse de près de 12%. Un fait pas si surprenant que ça, quand on sait que la pratique de l’équitation se fait en plein air et que les distanciations sociales sont très faciles à respecter lorsque nous sommes sur un cheval. Un constat partagé par Dominique Andreux, présidente du Club Hippique Marseille-Allauch. « À la rentrée de septembre nous n’avons pas accueilli moins de monde, bien au contraire, par rapport à la saison dernière, on a enregistré une hausse de 8% des inscriptions. »

Le rugby a quant à lui observé une croissance de près de 4% du nombre de ses adhérents. Et contrairement à l’équitation qui est un sport individuel, là pour un sport collectif et de contact, les chiffres peuvent davantage surprendre. Néanmoins, Pierre Taindjis, président délégué de la Ligue Sud de Rugby, a son explication. « Notre sport a sans doute bénéficié du report de certains enfants qui pratiquaient des sports de combat et qui avaient besoin de se dépenser. En tout cas, ont les accueillent tous les bras grands ouverts ! »

Clément MANZI


Les salles de sport : grandes perdantes de la crise sanitaire

Avec seulement quatre mois d’ouverture depuis mars dernier, les salles de sport et de fitness font parties des établissements sportifs les plus durement frappés par l’épidémie.

Tandis que les clubs amateurs et professionnels résistent plutôt bien à la crise économique entraînée par la crise sanitaire, du côté des gérants de salles, la situation est beaucoup plus alarmante. « Il y a déjà 500 clubs qui ont déposé le bilan et la liste pourrait s’allonger si ces derniers ne reçoivent pas, dans les semaines à venir, une autorisation de réouverture », déclare Vincent Chaudel, économiste spécialisé dans le sport.

D’après Sébastien Rozier même, directeur de six clubs Fitness Park dans le sud de la France, « 35 à 40% des 15 500 établissements de remise en forme, présents sur le territoire, seraient menacés si leurs fermetures venaient à être prolongées une nouvelle fois de plusieurs mois. »

Quant aux aides proposées par l’État, ces dernières ne suffisent pas à éviter les dépôts de bilan et les licenciements. « Avec les fonds de solidarité on touche seulement 10 000 euros par mois. Un montant insuffisant pour couvrir les frais liés au loyer et aux salaires des salariés. À titre de comparaison, une salle Fitness Park génère en moyenne entre 600 000 et 3 millions d’euros de chiffre d’affaires par an… », nous explique résigné Sébastien Rozier. Heureusement, « le chômage partiel nous a permis de procéder à aucun licenciement », souligne tout de même ce dernier.

La fermeture des salles de sport risque encore de durer de longues semaines (source Huffington Post)

Alors qu’aucune date de réouverture n’a encore été dévoilée par le gouvernement, le salut des salles de sport et de fitness pourrait venir d’un masque spécial. Un masque mêlant confort et sécurité, qui pourrait arriver sur le marché d’ici quelques semaines.

Clément MANZI


Et les clubs professionnels dans tout ça ?

À l’instar des clubs amateurs, ceux professionnels ont également été impactés par la crise sanitaire, et même davantage.

Des tribunes vides. Les images sont les mêmes dans tous les stades et les enceintes du pays, huis clos oblige… (source Europe 1)

Plus de billetterie, le marchandising au ralenti, des sponsors timides, mais des salaires à payer… voilà à quoi sont confrontés les clubs professionnels depuis presque un an.  Une situation qui pousse la plupart d’entre eux, à se serrer la ceinture, en attendant que tout revienne à la normale. Et si possible, le plus rapidement possible.

« Un club ne meurt jamais sportivement, mais peut mourir économiquement »

Depuis maintenant presque un an, le monde du sport professionnel français tente, tant bien que mal, de cohabiter avec le SARS-CoV-2. L’arrivée du virus sur le sol français a effectivement chamboulé les plans de beaucoup de clubs, qui ont dû adapter leur modèle économique. « Avec la baisse des revenus liés au non-fonctionnement de la billetterie, à la défection de certains sponsors et à la diminution des subventions accordées par les collectivités territoriales, tout a été revu à la baisse pour cette saison », explique Émeric Paillasson, directeur général du club du Saint-Raphaël Var Handball, qui évolue dans la Lidl Starligue, l’élite du handball professionnel français. L’objectif étant de diminuer au maximum les charges et donc les dépenses, quitte à faire passer les résultats sportifs au second plan.

Un discours également partagé par Vincent Bobin, directeur général du Provence Rugby Club, qui évolue en Pro D2, la seconde division du rugby français. « Pour la saison 2020-2021, nous avons été obligés de revoir nos ambitions à la baisse, en gelant le recrutement et en renégociant le contrat des joueurs à hauteur de -10%. » Avant d’ajouter, « qu’un club ne meurt jamais sportivement, mais peut mourir économiquement. »

Vincent Bobin, directeur général du Provence Rugby Club explique la stratégie employée par son club pour limiter la casse sur le plan financier tout en restant compétitif.

« Une épée de Damoclès au-dessus de la tête »

Heureusement, actuellement, « aucun dépôt de bilan n’est à déplorer du côté des clubs professionnels » souligne l’économiste du sport, Vincent Chaudel. Néanmoins, ce dernier précise tout de même que « si les championnats venaient à nouveau à être interrompus, certains clubs pourraient être, dans ce cas, menacés de faillite. » Tout sauf une surprise, tant on sait à quel point les finances des clubs sont impactées par la crise sanitaire.

Alors même si les clubs professionnels ont jusqu’à présent réussi à limiter les dégâts sur le plan financier. Ces derniers n’en attendent pas moins la fin de cette période si unique et si particulière qui aura paralysé le sport aussi bien en France qu’à l’échelle planétaire. « On attend avec impatience la libération, la reprise économique, parce que là on vit tout de même avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête », se targue Alexandre Binet, manager et responsable communication du club de de Nice, qui évolue en Ligue A, la première division du volley-ball français.

Une période qui laissera quoi qu’il arrive des traces, parfois difficilement effaçables… « Certains clubs vont sortir de la crise très affaiblis sur le plan financier, et dans une activité autant concurrentielle qu’est le sport professionnel, ceux-là vont en payer les conséquences sur le plan sportif », conclut Vincent Chaudel.

Clément MANZI


Le football professionnel : un cas à part 

Au-delà des pertes financières conséquentes engendrées par la crise sanitaire, comme pour l’ensemble des clubs professionnels d’autres disciplines, le football professionnel français doit faire face à la défection du groupe audiovisuel espagnol Mediapro, qui diffusait 80% des matchs de la Ligue 1 et la Ligue 2, par l’intermédiaire de la chaîne Téléfoot.

Or, « les droits TV représentent une part très conséquente du budget annuel des clubs, surtout pour les clubs les plus modestes », souligne Luc Arrondel, économiste spécialisé dans le football. Avant d’ajouter, pour mieux comprendre le poids des droits TV sur le budget des clubs français, que « pour les « gros » clubs comme Marseille, les droits TV représentent en moyenne un tiers du budget (36% pour l’OM), tandis que pour les plus « petits » clubs comme Nîmes, ces derniers peuvent représenter jusqu’aux trois quarts du budget (70% pour Nîmes). »

Heureusement, pour le moment, les clubs n’ont pas trop de soucis à se faire puisque « la LFP (Ligue du Football Professionnel) a contracté un prêt garanti par l’État de 120 millions d’euros, tout en ajoutant 50 millions d’euros supplémentaires provenant de ses propres finances, pour compenser le dernier non-versement de Mediapro », souligne Luc Arrondel.

Néanmoins, comme le souligne ce dernier, « il est hautement improbable que le ou les nouveaux diffuseurs rachètent les droits TV au prix de Mediapro, soit plus de 800 millions d’euros par saison. Ce qui veut dire que les budgets des clubs devront nécessairement être revus à la baisse. »

Clément MANZI

14 réponses sur “Les clubs amateurs et professionnels survivront-ils à la COVID-19 ?”

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